Difficile d'imaginer Montréal sans la Place Ville-Marie. Depuis près d'un demi-siècle, cette tour de 188 m de hauteur fait partie intégrante de notre paysage urbain. À un point tel qu'on ne la voit plus.

Mais ce ne fut pas toujours le cas. Et la SITQ, propriétaire du bâtiment, se charge de nous le rappeler par une exposition relatant l'histoire du premier gratte-ciel de la métropole québécoise en prévision de son 50e anniversaire, qui aura lieu en 2012.

 

«On a tendance à oublier à quel point cet édifice cruciforme, le plus haut du Commonwealth en 1962, a bouleversé notre ville», résume Dany Gauthier, directeur immobilier principal de PVM.

Présentée dans l'aire commerciale au niveau sous-sol, Place Ville-Marie: Quand Montréal s'éleva compte une centaine de maquettes et de photos inédites expliquant la naissance de ce projet d'envergure.

On y apprend que la construction de la tour principale a duré quatre ans et que le tout fut réalisé pour la rondelette somme de 80 millions de dollars à l'initiative du promoteur William Zeckendorf, qui voulait faire de la Place Ville-Marie le coeur du nouveau quartier des affaires à Montréal.

Sa conception fut confiée à l'architecte Henry N. Cobb, lui-même au service de Leoh Ming Pei, à qui l'on doit notamment la pyramide du Louvre. Avec ses murs-rideaux et ses façades de verre et d'acier, l'édifice s'inscrit à 100% dans le style «international» de l'époque. Mais sa hauteur et sa forme de croix le distinguent de tout ce qui s'est fait à Montréal dans les mêmes années.

«Cette croix est comme un X qui marque le centre de Montréal, explique l'architecte Randy Cohen, de l'atelier Big City. Elle lui donne l'air de quatre gratte-ciel C'était une vision métropolitaine très avant-gardiste.»

Intéressant: l'immeuble ne devait au départ compter que 44 étages. Mais on lui en ajouta trois in extremis afin de dépasser la tour rivale de la CIBC et de gagner la bataille du ciel montréalais. À noter que la Place Ville-Marie ne fait que huit mètres de moins que le mont Royal.

Mais au-delà de l'architecture, il y a aussi l'impact social. Selon Richard Lafontaine, de l'organisme DOCOMOMO-Québec, Place Ville-Marie fait ni plus ni moins partie de notre «inconscient collectif» parce qu'elle marque l'accession de Montréal à la modernité. «Ce fut le signal de départ, explique M. Lafontaine. Ce projet nous plaçait dans la catégorie des grandes villes nord-américaines.»

Rien ne fut laissé au hasard pour accentuer cette impression. Défilés de mode, cocktails, spectacles, patinoire et restaurants au sommet ont animé l'édifice au fil du temps, sans oublier son gyrophare, que l'on peut toujours voir à 58 mètres de distance chaque soir jusqu'à 1h du matin.

M. Lafontaine déplore seulement qu'on ait «bousillé la plaza» dans les années 80 et défiguré ce qui était de loin le lieu le plus inspiré du complexe. «C'était la plaza moderne dans toute sa splendeur», résume-t-il.

Place Ville-Marie est aujourd'hui protégée en vertu d'une citation par l'arrondissement Ville-Marie. Son locataire principal est la Banque Royale du Canada, qui occupe 14 étages. À noter que la construction des quatre autres tours s'est achevée au début des années 80.

Place Ville-Marie: Quand Montréal s'éleva. Jusqu'au 31 octobre au 1, Place Ville-Marie

La Place Ville-Marie, c'est...

> 1 000 000 de passages par mois

> 10 000 personnes qui y travaillent

> 52 codes postaux

> 49 000 tonnes d'acier

> 1 million de boulons

> 261 km de tuyauterie

> Le point de départ des 33 km du réseau souterrain de Montréal