Le maire de Ville-Marie, Benoit Labonté, s'est récemment fait offrir de la drogue au centre-ville. Estimant que la vente de drogues dans la rue et les incivilités augmentent, il a écrit hier au maire de Montréal, Gérald Tremblay, pour lui demander la création d'une escouade policière spéciale au centre-ville.

Dans sa lettre, M. Labonté dit avoir constaté que la vente de stupéfiants augmente dans le quadrilatère formé par les rues Amherst, Saint-Denis, Ontario et le boulevard De Maisonneuve. Et que cette vente, au vu et au su de tout le monde, «s'accompagne de gestes qui vont du harcèlement agressif des passants, résidants, travailleurs et visiteurs en vue d'obtenir de l'argent pour se procurer des drogues, à l'utilisation des entrées privées et des cours arrière comme lieu de piqueries et de prostitution, en passant par le vol à la tire, dans les véhicules et sur les personnes», écrit-il.

 

M. Labonté réclame au maire des ressources policières supplémentaires et la formation d'une escouade policière spéciale dédiée à la vente de drogues, pour redonner au secteur une certaine quiétude.

Benoit Labonté déplore le commentaire de Claude Dauphin, responsable de la sécurité publique, dans La Presse de mercredi. M. Dauphin a dit en substance que les jeunes de la rue ne représentent pas un problème au centre-ville. «C'était extrêmement déplacé de sa part, dit M. Labonté. Surtout que M. Dauphin est président du comité exécutif et responsable de la sécurité publique. C'est totalement irresponsable.»

L'étude internationale réalisée par le magazine Monocle sur les villes du monde où il est le plus agréable de vivre a également fait réagir M. Labonté. Dans cette étude, où Montréal se classe 19e sur 25, reculant de trois places par rapport à l'année dernière, la métropole obtient des résultats mitigés en ce qui a trait au nombre de meurtres et de cambriolages.

Monocle indique que Montréal a enregistré 42 meurtres en 2007 et 11 105 cambriolages. En comparant ces données avec celles des autres villes, Montréal se classe, pour les meurtres, au 16e rang sur 20 (les cinq villes suivantes n'ont pas de données sur ces questions) et au 14e rang pour les cambriolages. Ces résultats s'ajoutent à l'étude récente de l'Atlantic Institute for Market Studies qui place Montréal à la 21e place sur 29 en ce qui a trait à la bonne gestion d'une ville.

«Il faut s'inquiéter du classement de Monocle et des autres études, dit M. Labonté. Montréal, étude après étude, perd du terrain et s'appauvrit. Il y a un lien dans tout ça. L'appauvrissement entraîne les incivilités.»

Du coup, les possibles coupes de centaines de postes de policiers évoquées par la Fraternité des policiers inquiètent M. Labonté. «Ce n'est pas le temps de réduire les effectifs policiers, dit-il. Toute baisse des forces policières va entraîner une augmentation des problèmes, notamment de la vente de drogues. Je m'en suis même fait offrir récemment. Il faut une présence policière accrue.»