S'il n'en tient qu'à la mairesse du Plateau Mont-Royal, Helen Fotopulos, la Ville de Montréal ne contestera pas la décision de la Cour supérieure, qui a tranché cette semaine qu'un arrondissement n'a pas les pouvoirs d'une municipalité.

Mme Fotopulos précise que la Ville étudiera le jugement en profondeur avant de décider ou pas de le porter en appel. Elle accueille toutefois le verdict favorablement, même s'il oblige son administration à réviser la façon dont elle organise des consultations publiques.

«Il y a une logique à laquelle j'ai adhéré quand j'ai lu la décision de la juge», a-t-elle indiqué, samedi.

Cette semaine, le tribunal a donné raison au citoyen Benoît Dupuis, qui réclamait le droit de participer à une consultation publique sur l'agrandissement d'une synagogue de la rue Hutchison. L'arrondissement du Plateau Mont-Royal, qui organisait la consultation, considérait qu'il n'habitait pas la «zone de consultation», puisque sa résidence se trouve dans l'arrondissement d'Outremont.

M. Dupuis habite pourtant en face du lieu de culte, la rue Hutchison marquant la limite entre les deux arrondissements.

Dans une décision rendue cette semaine, la juge Hélène Le Bel a conclu qu'un arrondissement ne peut se comporter comme une municipalité en rejetant l'intérêt d'un citoyen qui habite à quelques mètres de son territoire. Elle a aussi condamné la Ville à payer 6000$ au plaignant pour qu'il acquitte ses frais d'avocats.

«Comment expliquer au citoyen moyen qui habite de l'autre côté de la rue qu'il n'est pas une 'personne intéressée' à ce qui se passe ou qui est susceptible de se passer en face de chez lui?» a-t-elle écrit.

L'arrondissement compte se plier au verdict, indique la mairesse Fotopulos. Son administration reprendra la consultation publique, et invitera cette fois tous ceux qui habitent près de la synagogue, tant sur le Plateau qu'à Outremont.

«Il va falloir qu'on reprenne ce dossier, qu'on le resoumette à la population, a-t-elle indiqué. Je n'ai pas encore de réponse de mon service du contentieux pour savoir à quel moment.»

Les partis d'opposition ont applaudi la décision de la Cour. La chef de Vision Montréal, Louise Harel, qui dit s'être lancée en politique municipale pour empêcher la mise en place de quasi-villes au sein de Montréal, a été «scandalisée» par la stratégie de la Ville dans ce procès. En plaidant que les arrondissements équivalent à une municipalité, dit-elle, l'administration Tremblay a cautionné le morcellement de la métropole.

«Nous sommes en présence d'un cas typique de gouvernance absurde qui place l'organisation bureaucratique municipale devant l'intérêt des habitants de Montréal», a pour sa part déploré la candidate à la mairie Louise O'Sullivan.