Grosse surprise, ce mardi matin, sur la scène municipale montréalaise: Brenda Paris, la présidente d'Union Montréal, quitte le parti du maire Gérald Tremblay à cause des cinq enquêtes policières en cours sur l'administration municipale et se joint à l'équipe de Louise Harel et de Benoit Labonté à Vision Montréal.

Mme Paris sera la candidate de Vision Montréal à la mairie de Côte-des-Neiges/Notre-Dame-de-Grâce le 1er novembre prochain. Pour que l'annonce soit encore plus spectaculaire, Vision Montréal présentait en même temps un autre anglophone, David Hanna. Le professeur d'urbanisme sera candidat comme conseiller de ville dans le même arrondissement.Mme Harel avait promis que son but en politique municipale était de restructurer Montréal et d'unir toutes les communautés de la métropole et que pour le démontrer, elle aurait dans son équipe des candidats de prestige venant de tous les horizons ethniques, notamment des anglophones. L'annonce de ce mardi matin avait pour but d'illustrer que cette volonté se traduirait dans les faits.

Femmes d'affaires et d'action bénévole, Mme Paris est une éminente personnalité de la communauté anglophone montréalaise. Bilingue, elle avait été placée par l'administration Tremblay au CA de la Société de transport de Montréal en 2002. Le fait qu'elle soit la représentante des usagers de la STM et en même temps présidente du parti du maire Tremblay avait été critiqué comme un manque flagrant de jugement.

Ce mardi matin, elle a expliqué qu'elle a décidé «récemment» de quitter le parti du maire Gérald Tremblay car elle est «une femme de conviction, une femme d'intégrité et une femme de transparence».

«Je me suis rendue compte au fur et à mesure qu'il y a un manque d'écoute des citoyens au sein du parti Union Montréal, a-t-elle dit. Il n'y a pas non plus de politique d'inclusion des minorités à Montréal, comme on l'a vu avec ce qui s'est passé à Montréal-Nord.»

Mais quel a été le déclencheur de son départ du parti du maire Gérald Tremblay? «C'est quand j'ai constaté qu'il y avait cinq enquêtes policières (concernant l'administration municipale), a-t-elle dit. Je suis pour l'intégrité. Je ne peux pas supporter ça. Il y a eu un manque de transparence.»

Mme Paris estime que le fait que Vision Montréal ait créé des chantiers de réflexion pendant tout l'été pour permettre aux citoyens de réfléchir à la Ville qu'ils veulent et d'influer réellement sur la politique montréalaise prouve que ce parti veut «changer la Ville». «Vision Montréal, avec Louise Harel et Benoit Labonté, se sont dédiés à inclure les citoyens dans les décisions prioritaires de Montréal et ce, pour améliorer la vie quotidienne, a-t-elle dit. Et je veux une métropole qui reflète la diversité de notre ville.»

L'urbaniste David Hanna est, de son côté, tombé à bras raccourcis, sur le parti et les élus du maire Tremblay. «Je suis choqué par ce qui se passe à Montréal, a-t-il lancé. Je veux parler à mes collègues anglophones : actuellement on est coincé dans l'immobilisme. Un grand journal anglais a même titré que Montréal, ma ville, a un gros problème de corruption. C'est dégoûtant. D'ailleurs, Benoit Labonté a quitté Union Montréal quand il a constaté que l'intégrité avait disparu de cette équipe.»

Tant Mme Paris que M. Hanna ont félicité Mme Harel d'avoir eu «le courage» de se lancer en politique municipale pour réformer la Ville et la faire mieux fonctionner. «C'est l'équipe Tremblay-Zampino qui a demandé à Jean Charest de défaire la structure de la Ville, a dit M. Hanna. Mme Harel veut faire en sorte que Montréal fonctionne.»

Louise Harel était très heureuse de ce coup politique, lors de la conférence de presse. À une question posée par un confrère de Radio-Canada, elle a répondu qu'elle voulait rassembler les anglophones et les francophones à Montréal. «Il n'y a pas de ligne de démarcation dans notre ville, comme à Beyrouth ou Belfast. Ceux qui parlent de ça (la souveraineté) veulent diviser pour régner».

Du côté d'Union Montréal, le parti du maire Tremblay a délégué le conseiller de Snowdon, Marvin Rotrand, pour réagir au changement de camp de Brenda Paris. «Mme Paris n'a aucune racine dans CDN-NDG, dit M. Rotrand à La Presse. Elle a voulu être candidate dans Loyola pour nous mais elle n'a pas présenté son bulletin de candidature car il n'y avait pas assez de membres pour l'appuyer et elle n'avait pas de connaissances de NDG.»

Mme Paris avait été placée par l'administration Tremblay au CA de la Société de transport de Montréal en 2002. Le fait qu'elle soit la représentante des usagers de la STM et en même temps présidente du parti du maire Tremblay avait été critiqué comme un manque flagrant de jugement de sa part et de la part d'Union Montréal. M. Rotrand dit qu'Union Montréal a demandé à Mme Paris de choisir un des deux postes. «Mais elle a refusé disant qu'il n'y avait aucun conflit (d'intérêt), dit M. Rotrand. Alors, quand Benoit Labonté dit oui-oui-oui-oui-oui-éthique-éthique-éthique et qu'il cible Brenda Paris, c'est un discours différent. D'autant que Vision Montréal est le parti qui a eu le plus d'accusations du Directeur général des élections dans le passé. Pour nous, son arrivée à Vision Montréal n'est pas un gros coup. Si c'était un Claude Dauphin ou un André Lavallée, ce serait un gros coup.»

M. Rotrand rappelle que les accusations de corruption à la Ville de Montréal sont «des allégations pas encore prouvées». Par ailleurs, il doute de la transparence de Mme Paris: «Si elle est transparente, pourquoi n'a-telle pas dit qu'elle a démissionné d'Union Montréal par courriel hier?»