Pour la première fois en 18 ans, le syndicat des cols bleus de Montréal déclenchera une grève de 24 heures, le 31 août, pour souligner le deuxième anniversaire de l'échéance de leur contrat de travail et dénoncer le recours croissant de la Ville à l'entreprise privée.

La section locale 301 a envoyé hier après-midi son avis de grève à la Ville de Montréal, a appris La Presse. L'arrêt de travail touchera l'ensemble des 5000 cols bleus des 19 arrondissements montréalais.

 

«Notre objectif n'est pas de porter atteinte aux Montréalais; on veut plutôt lancer un message à la population, qui est en train de se faire carrément avoir par l'administration municipale», a déclaré hier le président du syndicat, Michel Parent, dans une entrevue exclusive avec La Presse.

Les cols bleus de Montréal sont sans contrat de travail depuis le 31 août 2007. Depuis juin 2007, leur syndicat possède un mandat de grève générale illimitée à appliquer au moment opportun. Le bureau de direction a jugé que le 31 août est un jour opportun pour un débrayage de 24 heures. «Assez, c'est assez. Ça fait deux ans qu'on attend», a déploré M. Parent.

Selon lui, la Ville n'est pas pressée de s'entendre avec ses cols bleus. Le syndicat attend toujours que l'employeur dépose son offre globale, ce qui devait être fait en juin, selon M. Parent.

Les négociations achoppent sur plusieurs points, notamment les augmentations de salaire et le plancher d'emplois. Autre point de rupture: le recours à la sous-traitance. Le syndicat souhaite rapatrier les tâches qui relèvent de leurs attributions, comme le déneigement, la collecte des ordures et la gestion de l'eau potable.

Depuis les défusions, en 2004, ces services relèvent des arrondissements, lesquels ont tendance à recourir de plus en plus à des sous-traitants, selon Michel Parent.

«Le fonctionnement en vase clos des arrondissements plutôt que le partage plus central des ressources humaines et matérielles fait en sorte qu'il n'y a pas, artificiellement, la masse critique suffisante pour générer des économies, laissant ainsi chaque arrondissement contracter comme bon lui semble avec des entrepreneurs privés qui ne demandent pas mieux que de prendre la relève des services publics», peut-on lire dans l'avis de grève envoyé à la Ville.

Michel Parent en a également contre le fait que la ville centre confie des contrats à l'entreprise privée. «Les compteurs d'eau, ce n'est que la pointe de l'iceberg», a-t-il déclaré, soulignant que les cols bleus pourraient très bien se charger de ces travaux.

Conseil des services essentiels

En recevant l'avis de grève, hier, la Ville de Montréal a alerté le Conseil des services essentiels, lequel convoquera sous peu les deux parties pour déterminer quels services les cols bleus seront tenus d'offrir pendant la grève.

«La grève nous apparaît inévitable étant donné l'écart considérable entre les demandes des cols bleus et l'offre de la Ville», a dit Jean-Yves Hinse, directeur des relations professionnelles à Ville. Pour les quatre ans de la convention, les demandes du syndicat excèdent de 100 millions l'offre de la Ville, selon M. Hinse.

La dernière grève des cols bleus de Montréal remonte à 1991. Cette année-là, le syndicat avait fait quelques débrayages ponctuels pour inciter l'administration municipale à négocier.