Accusée à mots couverts par André Lavallée d'être derrière le dévoilement du passé felquiste du vice-président du comité exécutif de Montréal, la chef de Vision Montréal, Louise Harel, a rétorqué que jamais elle ne s'abaisserait à une telle manoeuvre et qu'il s'agit d'un procès d'intention.

«Vous savez quelles sources vous ont informé et vous savez très bien à quel point je n'ai rien à voir avec ça, a dit Mme Harel. Je désavoue ce genre de politique et l'ai désavoué toute ma vie et le désavouerai toute ma vie. Ce sont des procès d'intention que l'on me fait. Jamais je n'aurais fait une chose pareille. C'est le monde à l'envers. On devient le bouc émissaire dans cette histoire. Il y a suffisamment de raisons pour juger avec sévérité l'administration Tremblay. Il n'y a aucun motif pour déterrer des histoires comme celle-là où la personne s'est complètement réhabilitée. Moi, je partage l'opinion de Ted Kennedy. La rédemption existe.»

 

La Presse a demandé à Mme Harel si elle connaissait le passé felquiste de M. Lavallée, comme il nous l'a dit mercredi. «Assez vaguement, je dois dire. Ce sont des choses que je n'ai pas enregistrées dans ma mémoire comme des faits marquants parce que c'était déjà un passé antérieur.»

Mme Harel a dit que M. Lavallée n'est pas un ennemi. «Ce n'est pas parce qu'on a un différend politique... mais il ne me viendrait jamais à l'esprit d'utiliser quelque moyen aussi odieux.» Mme Harel a dit par ailleurs qu'elle n'a jamais entendu parler de quelque menace que ce soit contre André Lavallée pour l'inciter à se joindre à Vision Montréal.

«Je n'ai jamais eu, avec André, de rencontres au cours desquelles on lui aurait proposé quelque chose, a-t-elle dit. Mais dès le départ, il le savait qu'il serait bien accueilli mais rien de formel ne lui a été proposé. Il s'est plaint pendant deux mois que je ne l'avais pas appelé. J'ai reçu des appels, y compris de mon frère, pour me demander pourquoi je ne l'avais pas appelé.»

La participation d'André Lavallée au FLQ est «quand même quelque chose de grave», a estimé de son côté le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron. «J'ai trouvé que dans (La Presse d'hier matin), on lui donnait un peu trop l'absolution.»

«J'ai eu 19 ans moi aussi, j'ai été enthousiaste moi aussi, j'ai été porté vers les excès, mais jamais on ne m'aurait pris dans une affaire comme ça après les événements d'octobre, après la mort de Pierre Laporte, après l'armée dans les rues, a-t-il précisé. Personne ne pouvait ignorer ce qu'était le FLQ. Il n'y avait plus rien de bon enfant là-dedans, plus rien de charmant.»

Pour Louise O'Sullivan, chef du parti Montréal Ville-Marie et candidate à la mairie, la plus grande erreur de M. Lavallée a été de ne pas mettre Gérald Tremblay au courant de son passé. «À l'âge de 19 ans, on fait des erreurs, on vit avec pour le restant de nos jours. Mais le fait que son chef ne le savait pas, là, j'ai un problème. S'il juge aujourd'hui que ça met dans l'embarras M. Tremblay, il devrait démissionner.»

Selon Mme O'Sullivan, la nouvelle a eu beaucoup d'impact chez les simples citoyens qu'elle a croisés. «Je leur ai parlé, ils me disent: «Juste à cause de ça, je ne voterai pas pour M. Lavallée.» Ça les a touchés, ils pensent que M. Lavallée devrait démissionner.»