Les partisans de la tenue d'une exposition universelle à Montréal en 2020 ne doivent pas compter sur l'appui de la célèbre architecte Phyllis Lambert. Selon elle, il s'agit là d'une «idée du XIXe siècle».

La fondatrice du Centre canadien d'architecture reconnaît que l'Expo 67 a permis à Montréal de s'émanciper et de s'ouvrir sur le monde. Mais ce genre d'événement n'a plus le même impact aujourd'hui, croit-elle.

 

«Aujourd'hui, ces foires deviennent beaucoup trop chères pour les villes qui les présentent», a déclaré Mme Lambert hier matin, en marge d'une conférence de presse annonçant la création de l'Institut de politiques alternatives de Montréal (IPAM).

Ce nouvel organisme indépendant se définit comme un groupe de réflexion qui s'intéressera à la planification urbaine, au développement économique et durable et à la démocratie locale.

Outre Mme Lambert, l'IPAM compte des acteurs importants de Montréal, dont Dinu Bumbaru, d'Héritage Montréal, et Dimitri Roussopoulos, du Centre d'écologie urbaine. Le groupe estime qu'il y a un manque dans l'intégration des projets d'aménagement.

«On assiste à des débats hyperlocalisés où on n'a pas l'occasion de voir les choses en perspective, explique Dinu Bumbaru. Ce fut le cas dans des dossiers comme Griffintown et le Quartier des spectacles. Au lieu d'avoir des mécanismes d'intégration, on multiplie les forums.»

Projet structurant

La déclaration de Mme Lambert heurte de plein fouet la position défendue par Benoit Labonté, maire de l'arrondissement de Ville-Marie et actuel chef de l'opposition à la Ville de Montréal. Il milite activement pour la venue d'une exposition universelle à Montréal en 2020.

«Le succès d'une exposition dépend de ce qu'on en fait, dit-il en entrevue. Notre projet est d'avoir une exposition qui constituerait un catalyseur économique et urbain pour Montréal.»

«Une exposition de cette envergure constituerait un événement structurant pour la métropole, ajoute-t-il. La tenue d'une exposition n'est pas une fin mais un moyen pour la relance de la ville.»

Ni Mme Lambert ni les autres membres de l'IPAM ne veulent faire de politique. Lorsqu'on lui demande d'évaluer le travail de l'administration Tremblay en matière de planification urbaine, Phyllis Lambert répond sans détour: «Nous ne sommes pas ici pour parler du passé mais de l'avenir.»

Par contre, l'IPAM entend être de tous les débats sur l'avenir de Montréal. «Nous voulons être un chien de garde», assure la célèbre architecte.