De passage à Montréal, le maire de Bordeaux, Alain Juppé, a vanté, ce mardi matin, la réalisation de 45 km de tramway dans sa ville, une initiative qu'il a décrite comme un exemple d'investissement rentable pour l'économie, pour l'environnement et pour la qualité de vie.

Sans vouloir s'immiscer le moins du monde dans la campagne électorale montréalaise, M. Juppé a accepté d'évoquer avec La Presse ce qu'il considère comme une des réalisations les plus importantes de Bordeaux depuis qu'il a été élu maire de cette ville en 1995 : la création d'un réseau de tramway au coût de 1,7 milliard de dollars sans augmenter les impôts locaux mais en empruntant. Cette initiative, a-t-il dit, fait partie d'une «métamorphose» de la cité d'Aquitaine qui s'est accompagnée d'une «révolution de la mobilité».

«Nous avons construit 45 km de tramway en moins de dix ans, pour relier la périphérie au coeur de la ville», a-t-il déclaré, lors d'une rencontre organisée par le consulat de France à Montréal. La réalisation du tramway a été accompagnée d'une modernisation de la ville qui a permis «d'inverser l'exode» dont la Ville de Bordeaux était victime. Depuis une dizaine d'années, à force de rénover les quartiers et de construire de nouveaux logements, Bordeaux a inversé cette tendance et 30 000 nouveaux habitants sont revenus dans la ville du maire Juppé où vivent aujourd'hui 750 000 personnes.

Bordeaux a opté pour le tramway plutôt que pour le métro à cause de son coût inférieur mais aussi parce qu'il était plus adapté à la taille de la ville. «Il y a eu une forte adhésion de la population, a-t-il dit. On a fait un gros travail de concertation. On a eu des heures et des heures de débats et de discussions avec les associations. La population a adhéré et a supporté les travaux avec beaucoup de patience. Le centre-ville a été impraticable pendant trois ou quatre ans. Mais les Bordelais l'ont accepté avec beaucoup de philosophie car ils sentaient bien que c'était nécessaire et que la ville devait se moderniser.»

En 2007, il y a eu 41 millions de voyages sur les trois lignes de tramway de Bordeaux comparativement à 75 millions avec l'autobus. Les trois lignes de tramway ont été construites en même temps. Une première ligne a été inaugurée le 21 décembre 2003, une deuxième le 24 avril 2004 et une troisième en juillet 2004. Avec 74 rames, il s'agit de la plus importante flotte de tramways en France. M. Juppé dit que les coûts prévus n'ont pas été dépassés ni les délais et que les 45 premiers kilomètres de tramway ont été en grande partie autofinancés «grâce à des provisions que la communauté urbaine de Bordeaux avaient engrangées».

«Le tramway, c'est le type de dépense pour lequel cela a un sens d'emprunter car les retours (sur l'investissement) viennent sur 10 ans, sur 15 ans, donc il y a une rentabilité de l'investissement et une façon de rembourser l'emprunt», a-t-il déclaré, ajoutant que l'attractivité économique, «c'est aussi la qualité de vie».

«Le tramway, cela va au-delà d'un moyen de transport, dit-il. Ça facilite la vie des gens, c'est plus rapide mais c'est aussi un outil d'aménagement et d'urbanisme. Cela a recréé de la solidarité avec les villes de la couronne bordelaise mais aussi une activité économique qui a profité à tout le monde.»

En faisant le tramway, M. Juppé dit que la Ville de Bordeaux a reconstruit des espaces publics, a transformé un axe routier en voie piétonne et des espaces de stationnements, comme la Place de la Bourse, en véritables places publiques avec terrasses et cafés et aucune voiture. «Ça a changé la vie des Bordelais, dit-il. La pollution atmosphérique a baissé et on a développé les déplacements doux, piétonniers et le vélo, avec 1000 km de pistes et de bandes cyclables.»

Bordeaux investit dans le développement durable avec le tramway mais aussi avec les énergies renouvelables. M. Juppé a évoqué le projet d'installer des cellules photovoltaïques dans sa ville qui permettront de générer la moitié de l'énergie que l'éclairage public consomme en un an.

Alain Juppé a aussi annoncé que la Ville de Québec sera l'invitée d'honneur de la Fête du vin de Bordeaux en juin 2010. Cette fête qui se déroule chaque mois de juin sur les quais de la Garonne attire 400 000 personnes et permettra à la ville du maire Régis Labeaume de venir y exposer des produits et services du Québec sur un stand de 400 m2.