Alors qu'elle estime être incorruptible, la chef de Vision Montréal, Louise Harel, affirme que sa candidature «dérange l'ordre établi et menace des intérêts financiers puissants». Elle se défend d'avoir été naïve, de ne pas avoir écouté ceux qui l'auraient prévenue des risques que représentait son association avec Benoit Labonté, et affirme que dès son arrivée à Vision Montréal, elle a mis en place une gestion transparente et rigoureuse des finances du parti.

«J'arrive le 3 juin, dit-elle. J'assiste au forum citoyen le 7 juin. J'annonce que nous n'accepterons plus aucun don anonyme. Par la suite, je deviens présidente du parti après une course qui a coûté 2645,61 $, le 29 juin. Et là, j'annonce que nous allons afficher tous les noms des donateurs et les sommes des contributions. Ce sont mes règles strictes et transparentes auxquelles je tenais, auxquelles je tiens et auxquelles je tiendrai. Et je vous affirme que je suis capable de démanteler des systèmes comme ceux qui sévissent à l'hôtel de ville de Montréal. Je suis absolument certaine d'une chose : ma candidature dérange l'ordre établi. Elle menace des intérêts financiers puissants. Je suis convaincue que les firmes qui ont signé avec la Ville de Montréal pour le contrat des compteurs d'eau préfèrent, le 2 novembre, se retrouver en face de M. (Gérald) Tremblay.»

Incompréhension

Mme Harel tient à sa réputation. Elle ne comprend pas comment on peut prétendre qu'elle savait quoi que ce soit sur Benoit Labonté. «Je ne peux même pas imaginer que j'aurais pu savoir que Benoit Labonté avait rencontré Tony Accurso, dit-elle. Je ne sais combien de fois je l'ai entendu me dire qu'il ne l'avait rencontré qu'une seule fois dans un cocktail à Saint-Léonard, alors qu'il était encore à Union Montréal, avec 700 personnes, et seulement quelques secondes parce qu'il lui avait été présenté dans la foule. J'ai dû entendre ça au moins cinq fois.»

Mme Harel dit qu'elle a commencé à se poser des questions après avoir lu les articles de RueFrontenac.com. «Mais il montrait un déni total, y compris jusqu'à la fin, dit-elle. Je lui ai demandé dimanche à 7h15, quand je l'ai appelé, d'aller à TVA pour dissiper le doute, parce que là, il était question de cinq appels téléphoniques (avec Tony Accurso). Aux personnes qui l'ont joint et qui m'ont fait rapport, il avait dit que ça se pouvait que son agenda ait été manipulé et qu'il allait faire sortir sa liste d'appels téléphoniques et qu'il pouvait y avoir quelqu'un qui l'ait modifiée. C'est pourquoi je lui ai demandé de dissiper les doutes, car ils avaient commencé à germer. Il m'a alors demandé si je voulais sa démission. J'ai dit oui. Exactement comme ça. "Est-ce que tu veux que je parte ?" J'ai dit oui. À moins d'aller dissiper les doutes. Ces appels téléphoniques étaient révélateurs.»

Rien de conséquent

À l'issue du débat de Radio-Canada, lundi, Mme Harel avait été interrogée sur le fait que le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, affirmait qu'il l'avait prévenue en avril des risques que représentait une association avec Benoit Labonté. Elle avait répondu : «Si M. Bergeron avait eu quoi que ce soit de conséquent concernant M. Labonté, c'est bien certain qu'il serait allé au Directeur général des élections à qui il aurait certainement transmis les informations qu'il avait. En fait, il n'aimait pas M. Labonté. Il ne l'aimait pas personnellement. Alors, je ne pense pas que ce soit là matière suffisante.»

Hier, deux anciens dirigeants de Vision Montréal, Robert Laramée et Christine Hernandez, y sont allés eux aussi de leur version de l'histoire, affirmant qu'ils avaient averti Mme Harel des «comportements troubles» de l'ex-chef de l'opposition officielle. «Il faut faire très attention, dit Mme Harel. D'abord, je n'ai jamais rencontré Mme Hernandez. Et M. Laramée était parti depuis longtemps. J'ai rencontré M. Laramée et M. Bergeron bien avant de poser ma candidature. Avec Robert Laramée, c'était une conversation sur l'histoire des partis municipaux. Il a toujours claqué la porte des partis municipaux.»

Mais M. Laramée vous a-t-il parlé de Benoit Labonté? «Robert Laramée était parti un an auparavant en mauvais termes», répond-elle. Mais toute une série de cadres du parti sont partis à cause de Benoit Labonté, fait remarquer La Presse. «Est-ce que vous pensez que, pour autant, je dois en déduire que M. Labonté connaît Accurso ?» dit-elle, ajoutant que lorsqu'elle a participé au premier caucus de Vision Montréal, les cadres l'avaient «exhortée» de ne pas ramener ceux qui avaient quitté le parti et «fait du trouble».

Pas de surplus dans la caisse

Louise Harel ajoute que quand elle est arrivée à Vision Montréal, elle ne savait pas que la course à la direction de Benoit Labonté, au printemps 2008, avait coûté cher. «Il y avait alors dans les coffres tout ce qui était nécessaire pour acquitter les engagements. Il n'y avait pas de surplus. Pensez-vous que moindrement le doute me vient qu'il y aurait de l'argent qui aurait été collecté ? Moi, mon leadership a coûté 2645,61 $. C'est exactement le coût de ma candidature au leadership.»