Les Québécois pourront apercevoir le prince Charles lorsqu'il se rendra au Biodôme de Montréal le 10 novembre, mais les manifestants seront attendus de pied ferme et encadrés par un important dispositif de sécurité.

Des groupes souverainistes ont déjà signifié leur intention d'exprimer leur mécontentement à l'égard de la visite du prince de Galles, qui n'a pas mis les pieds dans la province depuis 33 ans.

Pour la première fois depuis les Jeux olympiques de 1976, le prince Charles, accompagné de son épouse, Camilla Parker-Bowles, visitera - mais très brièvement - la métropole québécoise.

Le fils de la reine Elizabeth II et sa nouvelle épouse rencontreront notamment le premier ministre du Québec Jean Charest et sa femme Michèle Dionne, ils visiteront le siège social du Cirque du Soleil et ils salueront d'anciens combattants revenus d'Afghanistan.

Mais c'est au Biodôme de Montréal que ceux qui souhaitent voir le fameux prince Charles en chair et en os peuvent espérer l'apercevoir au loin.

Pour l'occasion, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) travaillera en collaboration avec le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) pour éviter les débordements.

Marc Richer, sergent d'état-major, estime que le défi sera de trouver un équilibre faisant en sorte que tous les événements se dérouleront rondement tout en permettant aux gens de manifester pacifiquement.

«De façon générale, la GRC est chargée de la sécurité rapprochée de leurs Altesses, et puis le SPVM sera chargé de l'ordre public», a-t-il indiqué vendredi à l'occasion d'une rencontre technique destinée aux médias.

Le dispositif de sécurité ne devrait néanmoins pas être aussi impressionnant que celui déployé par les policiers lorsque le président américain Barack Obama a effectué sa première visite officielle sur la colline parlementaire à Ottawa en février.

«L'évaluation (du risque) se fait de façon continue (...). C'est une visite qui a une différente allure qu'une visite politique», a souligné M. Richer.

Au total, le prince ne restera que huit heures au Québec au cours de sa visite officielle du 2 au 12 novembre qui l'amènera de Terre-Neuve-et-Labrador à la Colombie-Britannique.

Mais cela est déjà trop pour des groupes souverainistes comme la Société Saint-Jean Baptiste (SSJB) et le Réseau de résistance du Québécois (RRQ), qui ont annoncé dès le début du mois d'octobre qu'ils entendaient «chauffer les oreilles» du prince.

Mario Beaulieu, le président de la SSJB, lui a d'ailleurs fait parvenir une lettre pour lui demander de s'excuser auprès des Québécois, à défaut de quoi il l'encourage plutôt à rester chez-lui.

«L'histoire de l'institution que vous représentez, est à l'origine d'une série de gestes oppressifs et destructifs ayant eu comme finalité de chercher à faire disparaître ce peuple issu de la Nouvelle-France, qu'on appelait canadien, puis canadien-français, et qui forme aujourd'hui le coeur de la nation québécoise, avec tous ceux qui en ont fait leur patrie au fil du temps», peut-on lire dans la lettre également mise en ligne sur le site de l'organisme souverainiste.

«Si la couronne britannique reconnaît ses torts et s'excuse, nous vous accueillerons à bras ouverts. Dans le cas contraire, votre visite devra être interprétée comme du mépris envers la nation québécoise», a conclu M. Beaulieu.

La SSJB encourage les mécontents à manifester leur colère, mais elle souhaite que ces rassemblements soient pacifiques. Par le passé, des émeutes entourant la visite de la reine Elizabeth II dans la ville de Québec avaient été sévèrement réprimandées par les forces de l'ordre.

À la suite de cet incident, survenu en 1964 et tristement connu comme le «samedi de la matraque», la reine et sa famille ont évité plus souvent qu'autrement de se rendre dans la province lors de leurs visites officielles au pays.

Cette fois, pour des raisons de sécurité, les organisateurs ne prennent aucun risque, et les heures associées à chaque étape de la visite royale demeureront sous embargo 48 heures avant chacun des événements.