L'Agence métropolitaine de transport (AMT) ambitionne de faire passer au moins trois lignes de trains de banlieue sous le mont Royal, et «d'accroître substantiellement la capacité» du tunnel ferroviaire vieux de 91 ans, qui est utilisé seulement par les trains électriques de la ligne de Deux-Montagnes.

Selon le plan triennal d'immobilisations (PTI) pour 2010-2012, l'AMT nourrit de grands projets pour le tunnel de 5,3km qui permet de relier la ville de Mont-Royal au centre-ville de Montréal, en moins de 10 minutes, en passant sous la montagne.

En plus des trains de banlieue de la ligne de Deux-Montagnes qui passent quotidiennement dans ce tunnel et des rames du futur train de l'Est, entre Mascouche et le centre-ville, l'AMT souhaite relier son train de Blainville/Saint-Jérôme au tunnel du mont Royal.

Les coûts de ce projet sont actuellement estimés à 130 millions, en hausse de 150% par rapport à l'an dernier.

De plus, selon le PTI de l'AMT, «une étude sera effectuée pour évaluer les améliorations à apporter au tunnel, aux infrastructures ferroviaires et au matériel roulant, afin d'en accroître substantiellement la capacité», et ce, en vue d'«une expansion future à plus long terme».

Le coût des travaux d'infrastructures requis pour un tel projet n'a pas encore été évalué.

Avec la mise en service du train de l'Est et la liaison Blainville, le nombre de trains qui traversent le tunnel du mont Royal pourrait passer de 50 à 72 par jour, dans les deux directions.

L'AMT indique de plus que la liaison Blainville pourrait entraîner une forte augmentation de la demande sur cette ligne et le passage d'un plus grand nombre de trains dans le tunnel du mont Royal.

Un nouveau tunnel

Pour ce faire, l'agence provinciale, responsable des trains de banlieue de la métropole, souhaite construire un nouveau tunnel de 500m, entre les gares du Parc et Canora, afin de relier la ligne de trains Blainville/Saint-Jérôme au tunnel du mont Royal.

Le train de Blainville/Saint-Jérôme circule sur une voie ferrée appartenant au Chemin de fer Canadien Pacifique (CFCP), qui ne permet aucune réserve de capacité. Depuis plusieurs années, la croissance du service a été paralysée par la congestion du trafic ferroviaire.

La liaison entre Saint-Jérôme et la gare Lucien-L'Allier, au centre-ville de Montréal, prend 86 minutes. À partir de la gare du Parc, le train de Blainville doit contourner la montagne et emprunter un long détour qui l'amène jusqu'à Montréal-Ouest, avant de revenir au centre-ville. S'il était relié au tunnel du mont Royal, il éviterait ce détour.

«En reliant ces deux réseaux de voies, au sud de la gare du Parc, sur la ligne Blainville/Saint-Jérôme, et au sud de la gare Canora, sur la ligne de Deux-Montagnes, le temps de parcours pour accéder au centre-ville pourrait être réduit d'environ 15 minutes», selon le document.

En plus d'un tunnel, la réalisation du projet nécessiterait l'aménagement de quatre aiguillages, la reconstruction ou le réalignement de 1,1km de voies ferrées, l'installation d'une signalisation à commande centralisée et l'électrification de la nouvelle voie ferrée.

L'an dernier, après les premières études, l'AMT estimait la longueur du futur tunnel à 250m, et le coût des travaux à 52 millions.

Dans le PTI de 2010-2012, le tunnel de liaison entre les lignes de Blainville et de Deux-Montagnes fera plutôt 500m de long.

Quant à la facture, «les plus récentes analyses incitent à réviser à la hausse les coûts du projet, indique, avec prudence, le document. Les coûts finaux seront précisés lors de la préparation des plans et devis».

Dans l'intervalle, l'AMT estime actuellement les coûts de cette future liaison à 130 millions, soit deux fois et demi le coût initial prévu il y a un an.

Sécurité

L'augmentation du trafic et l'usage nouveau des locomotives bi-mode (électrique et diesel) de l'AMT, dans un tunnel qui n'accueille que des engins électriques, entraîneront aussi une révision en profondeur du plan des mesures d'urgence, en cas d'incidents dans un tunnel.

Selon le PTI 2010-2012, l'AMT prévoit la réalisation d'études pour la mise à jour de son plan d'urgence et «pour dresser l'inventaire et émettre des recommandations concernant les risques technologiques, naturels et sociaux dans le tunnel Mont-Royal».

L'AMT prévoit aussi «l'installation d'une infrastructure permettant la disponibilité de fréquences radio dans le tunnel Mont-Royal pour l'ensemble de ses communications, ainsi que celles des services d'urgence et du CN».

La réalisation de ces études coûtera près d'un million de dollars, selon le PTI de l'AMT, mais le coût des systèmes de télécommunications et des mesures de sécurité additionnelles, lui, n'est pas connu.

Enfin, l'AMT souhaite faire l'acquisition d'un véhicule d'entretien pour le système d'alimentation électrique par caténaire du tunnel. Le camion rail-route actuel, vieux de 15 ans, est en fin de vie utile et tombe souvent en panne.

«En cas d'urgence dans le tunnel Mont-Royal, précise le PTI, il n'existe aucun véhicule équipé capable d'effectuer des manoeuvres spéciales d'urgence (incendie, évacuation, premiers soins, matières dangereuses).»

L'AMT prévoit un budget de 1,7 million pour l'achat de ce nouveau véhicule «dans les meilleurs délais».