Pour la première fois de l'histoire de Montréal, le maire de la ville sera aussi président du comité exécutif. Gérald Tremblay souhaite «faire les choses à sa façon» pour ce qui sera probablement son dernier mandat.

Élu depuis deux semaines, Gérald Tremblay compte annoncer demain ou mercredi la composition de l'équivalent municipal du Conseil des ministres. Et il est déterminé à le faire à sa manière. Il y a «beaucoup de choses qu'il avait le goût de faire depuis un moment et il pense que le moment est venu», résume-t-on. Compte tenu de son âge, ce sera vraisemblablement son dernier mandat, expliquent ses proches collaborateurs.

Ce ne sera pas une surprise, il a lui-même évoqué la possibilité la semaine dernière: il indiquera ce matin à ses élus qu'il croit utile, compte tenu du verdict du 1er novembre, de faire entrer un représentant de Vision Montréal et un autre de Projet Montréal au sein du comité exécutif. C'est d'ailleurs selon lui une raison qui plaide pour qu'il conserve les rênes de cette instance, fera-t-il valoir. Le comité exécutif devrait se réunir une première fois mercredi.

Cette proposition ne fait toutefois pas l'unanimité au sein des rangs d'Union Montréal. L'annonce du maire n'est pas encore officielle que, déjà, la grogne gagne son parti. Des sources jointes hier ont indiqué ne jamais avoir été consultées sur la possibilité de partager le pouvoir avec les partis de l'opposition.

«Je doute que le maire adopte une mesure qui aurait un impact si négatif à l'interne», a confié une source.

On s'étonne aussi que le maire souhaite cumuler les fonctions de maire de Montréal, de président du comité exécutif et de maire de l'arrondissement de Ville-Marie.

Il s'agit d'une première pour la Ville de Montréal, et hier soir, chez les membres de l'ancien comité exécutif, on s'est demandé s'il faudrait un amendement à la charte de la ville. La conclusion du contentieux est négative; à Québec et à Longueuil, le maire est en même temps président du conseil. La charte de Montréal est formulée différemment, on indique que le maire choisit le président de l'exécutif parmi les élus, mais nulle part n'est-il dit que le maire ne peut se désigner lui-même.

Interrogé sur ces nouvelles informations, l'attaché de presse de Gérald Tremblay, Martin Tremblay, n'a pas nié la possibilité que le maire assume les fonctions de président du comité exécutif, mais s'est refusé à tout commentaire. Sur la question de l'inclusion de membres de l'opposition, il a seulement noté que le maire avait tendu la main à l'opposition jeudi dernier lors de l'assermentation des candidats à l'hôtel de ville.

Du côté de Vision Montréal, il est acquis que Louise Harel ne sera pas appelée - elle a été informée «et n'est pas contente du tout», indiquent des sources à Union Montréal. Les conseillers du maire lui ont fait valoir qu'il serait difficile d'inclure la chef de l'opposition à l'hôtel de ville dans le cercle restreint des décideurs.

Lampron et Bergeron

Pour Vision Montréal, Louise Harel a poussé la candidature de Pierre Lampron, une personnalité qui serait compatible à celle de Gérald Tremblay. Les conseillers de Tremblay ne sont pas de cet avis. Resterait surtout à faire passer le choix de Lampron au caucus des élus. Contacté par La Presse hier soir, Pierre Lampron a indiqué qu'il n'avait pas reçu d'offre formelle de la part du maire à cet effet.

Pour Projet Montréal, le nom qui revient le plus souvent est carrément celui du chef, Richard Bergeron. Comme chef d'un tiers parti, il ne se trouve pas dans la même situation que Mme Harel. On parle aussi de Luc Ferrandez, le nouveau maire du Plateau-Mont-Royal.

Le prochain comité exécutif approuvera aussi la nomination de Louis Roquet comme directeur général de la ville. Il a déjà été secrétaire de la ville dans les années 1990, et est devenu par la suite mandarin à Québec. Il avait été surtout associé au Parti québécois - qui l'avait nommé à Investissement Québec puis à la Société des alcools. Les libéraux l'avaient vite éjecté de ce poste convoité. Dans les cercles du PLQ on commence déjà à chuchoter: avec Diane Lemieux et Louis Roquet, le maire Tremblay sera entouré de péquistes pour son dernier mandat.

L'ancien député Michel Bissonnet élu dans Anjou sera président du conseil municipal. Deux joueurs d'Union Montréal prendront du galon, Alan DeSousa et Michael Applebaum, vus comme les nouveaux piliers de l'équipe Tremblay. Après avoir fait l'intérim de Frank Zampino à la présidence du comité exécutif, Claude Dauphin sera affecté à d'autres fonctions qui lui seront précisées demain, après le caucus - il a déjà été responsable de la sécurité publique et des transports en commun. Il s'est refusé à tout commentaire pour l'instant.

En revanche Sammy Forcillo probablement et Luis Miranda à coup sûr, seront rétrogradés aux arrière-banquettes. Le premier s'occupait des Finances et avait été malmené dans la controverse touchant l'intégrité à Montréal. L'autre était responsable du développement économique et du déneigement. En vacances à l'extérieur de la ville, Luis Miranda a indiqué hier qu'il n'avait pas parlé à des membres de son parti depuis une semaine. Peu importe la décision du maire Tremblay, il a précisé qu'il accomplirait son mandat comme maire d'Anjou. «J'ai été élu comme représentant du parti Union Montréal, pas nécessairement pour siéger au comité exécutif», a-t-il affirmé.

Parmi les recrues les plus susceptibles de prendre du galon, on retrouve surtout Jocelyn Ann Campbell, Manon Barbe. On évoque aussi Richard Deschamps.

Le maire voudrait aussi garder Michel Labrecque, défait aux élections, dans l'environnement de la Société de transport de Montréal. Pas question toutefois de toucher à Yves Devin, le directeur général. Il est acquis qu'il restera comme ressource pour Montréal sur les questions de transport, reste à préciser son rôle exact.

Un autre battu, André Lavallée, devrait rester dans l'entourage de l'administration Tremblay, mais il s'écoulera quelques jours encore avant que son point de chute soit arrêté.

Par ailleurs, tout semble indiquer que l'ancienne mairesse du Plateau-Mont-Royal et élue dans Côte-des-Neiges, Helen Fotopulos, gardera son siège à l'exécutif. Elle devrait remplacer Catherine Sévigny comme responsable de la Culture.

Avec Daphné Cameron et Martin Croteau