Le premier conseil municipal de Montréal depuis les élections du 1er novembre a montré les limites de la cohabitation politique voulue par le maire Gérald Tremblay: échanges aigres-doux, questions pièges et points de vue opposés n'ont pas disparu des débats à l'hôtel de ville.

Tout d'abord, la chef de l'opposition officielle, Louise Harel, a fait observer que la région de Montréal enregistre actuellement, avec 11,9%, le troisième taux de chômage en importance au Québec, après la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine. Elle a, du coup, demandé au maire Tremblay quels projets d'infrastructures il allait mettre en branle grâce à l'argent fédéral, des travaux qui doivent, pour être subventionnés, être achevés au plus tard le 31 mars 2011.

 

Le maire a vanté des réalisations passées ou en cours mais n'a pas évoqué de plan de relance pour la métropole. Il a toutefois dit que «Montréal se tire mieux que d'autres de la récession économique» actuelle.

Puis, des élus de l'opposition ont scrupuleusement décortiqué les listes de contrats accordés par les fonctionnaires de la Ville. Le maire de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Réal Ménard, a mis en évidence que sur 159 contrats totalisant 175 millions, 10 firmes ont obtenu 117 millions, de 2005 à 2009.

«Quand je vois qu'on confie au privé la rénovation de la croix du mont Royal, ou la restauration des sentiers du parc Maisonneuve ou l'inventaire du parc immobilier de la Ville, je me demande pourquoi cela n'est pas assuré par nos cols blancs et nos cols bleus, a-t-il lancé. Je demande au maire s'il partage mon inquiétude.»

M. Ménard n'a été applaudi que par les élus de l'opposition. Le maire Tremblay n'a pas répondu à sa question mais le vice-président du comité exécutif, Alan DeSousa, a dit que les contrats étaient donnés aux entreprises qui avaient l'expertise nécessaire.

En point de presse, Louise Harel a redit que l'opposition souhaite que tous les contrats soient dorénavant regardés à la loupe. Sans exception.

La leader de l'opposition, Anie Samson, s'est aussi plainte des 130 mises à pied de policiers, «malgré les assurances du maire Tremblay pendant la campagne électorale». Le maire a alors blâmé la Fraternité des policiers, accusée de ne pas être assez en faveur de la «commercialisation» des policiers (quand ils rendent des services pour le privé ou à l'extérieur du Québec, notamment à Haïti). Il a reproché à Mme Samson de manquer de «respect» envers Haïti.

Des flèches ont été également adressées par des élus de Vision Montréal à Richard Bergeron, chef de Projet Montréal, dont le nouveau statut de responsable de l'urbanisme au comité exécutif lui a valu des questions délicates au sujet des projets Marianopolis et Cité Nature.

Enfin, le responsable du déneigement au comité exécutif, Michael Applebaum, a donné une fin de non-recevoir au maire Vision Montréal de l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Réal Ménard, qui réclamait que l'administration centrale s'assure pour le prochain budget 2010 que les arrondissements reçoivent suffisamment d'argent pour déneiger rues et trottoirs correctement.