La neige tarde à faire son apparition cette année, mais la Ville de Montréal l'attend de pied ferme. Après s'être fait critiquer chaque hiver pour sa gestion du déneigement, la ville centre a décidé de gonfler son budget pour améliorer son efficacité. Les arrondissements, quant à eux, continuent de gérer le chargement de la neige chacun à leur façon.

Régulièrement critiquée pour sa politique de déneigement, notamment en ce qui a trait aux trottoirs, l'administration municipale de Montréal a annoncé, jeudi, qu'elle va améliorer la qualité de ce service au cours des quatre prochaines années et ce, dès cet hiver, en adoptant différentes mesures supplémentaires pour un coût de 2,7 millions.Son plan stratégique de déneigement pour l'hiver 2009-2010, préparé avec la collaboration des 19 arrondissements, repose sur un budget de 136 millions afin d'épandre des abrasifs, de déblayer la neige, de la ramasser et de la transporter vers les dépôts prévus pour l'accumuler.

Le plan prévoit des interventions différentes selon l'ampleur des précipitations de neige. Pour des chutes de neige de moins de 30 cm, les arrondissements seront responsables des activités de déneigement et de définir les priorités, a dit le nouveau responsable du déneigement au comité exécutif de Montréal, Michael Applebaum. La ville centre se chargera des rues artérielles, du transport de la neige, de la coordination et du déglaçage des trottoirs.

Pour les chutes de plus de 30 cm, la ville centre mettra en place une cellule de coordination du déneigement à laquelle participeront les arrondissements, le service des pompiers, Urgences-santé et la Société de transport de Montréal (STM).

«On créera alors des mesures particulières, il sera notamment interdit de stationner sur six «routes de neige» dès le début de la tempête et jusqu'à la fin du chargement de la neige», a dit M. Applebaum. Ces routes de neige sont des portions des rues Notre-Dame Est et Sherbrooke Est, des boulevards Crémazie, Henri-Bourassa et Pie-IX, et de l'avenue Papineau. Enfin, s'il survenait une tempête exceptionnelle cet hiver, avec beaucoup plus de neige que 30 cm, un Plan particulier d'intervention serait appliqué, en collaboration avec la sécurité civile.

Quelle que soit l'ampleur des chutes de neige, le plan stratégique prévoit de déblayer en priorité 10 voies réservées aux autobus avant la mise en activité du service, soit 3 de plus que l'an dernier. La Ville a aussi déterminé avec la STM 22 zones particulières où le déblaiement sera prioritaire afin de ne pas ralentir le service des transports en commun. Ces zones comprennent les routes empruntées par plusieurs autobus pour se rendre à leur circuit, les garages de la STM et les circuits en pente.

Augmenter la vitesse

Michael Applebaum promet d'améliorer la vitesse du chargement de la neige. Ce chargement sera de plus coordonné entre les arrondissements pour dégager, en 36 heures, 15 axes prioritaires de transports en commun, soit un de plus que l'an dernier (Beaubien). La mise à la disposition de 5000 stationnements gratuits la nuit en période de chargement a été reconduite. De plus, on soufflera la neige dans certains grands parcs à l'occasion des plus importantes chutes de neige.

Mais les trottoirs seront-ils mieux déneigés que l'an dernier? Michael Applebaum ne l'a pas vraiment promis, mais il pense que les nouveaux équipements fournis pour 2,1 millions à quatre arrondissements situés près du centre-ville (12 chenillettes supplémentaires) et l'essai de nouveaux produits de déglaçage amélioreront la situation. Le directeur de l'unité de propreté et du déneigement de Montréal, Yves Girard, a dit que plusieurs arrondissements, notamment et surtout Ville-Marie, testeront des sels de déglaçage contenant du chlorure de magnésium.

Le temps, c'est de l'argent

Quant à la suggestion des élus du Plateau-Mont-Royal de ne plus charger la neige les fins de semaine, M. Applebaum a déclaré que «ce sont des nouveaux élus» et que, lorsqu'ils se seront rendu compte des conséquences de leur idée, ils verront qu'elle n'est pas appropriée. Selon lui, plus on attend pour charger la neige, plus ça coûte cher. «Je ne crois pas qu'ils économiseront de l'argent, a dit M. Applebaum. On peut changer les horaires des employés pour faire en sorte que la neige soit retirée tout de suite. Quand on attend, ça peut geler et c'est alors plus long et plus coûteux.»

Lors du dernier conseil municipal, lundi et mardi, des élus de l'opposition ont réclamé des ajustements des dotations des arrondissements afin de permettre à ceux qui n'ont pas assez d'argent pour déneiger d'obtenir un complément. Mais jeudi, Michael Applebaum s'est opposé à cette option. Il faudra, a-t-il dit, que les arrondissements gèrent leurs services avec l'enveloppe dont ils disposent.