La plus importante autoroute du Québec, la Métropolitaine (A-40), a été une fois de plus partiellement fermée durant trois heures, en période de pointe, hier matin, en raison d'une averse ordinaire et de trois puisards bloqués, à la hauteur du rond-point l'Acadie, dans le nord de Montréal.

La mare qui s'est accumulée sur la chaussée de la voie de service de l'autoroute 40 en direction est, peu avant 7h du matin, a atteint une profondeur de 10 à 12 cm, dans la partie la plus profonde de la chaussée. Deux voies de circulation ont dû être fermées jusqu'à 10 h 30, a indiqué hier le directeur de la Direction de l'épuration des eaux usées à la Ville de Montréal, M. Richard Fontaine. C'est la sixième fois, au moins, en seulement cinq ans, que la circulation est perturbée en raison d'une inondation de la chaussée sur la Métropolitaine et ses voies de service depuis la reconstruction du rond-point qui surplombe l'autoroute 40, et qui relie l'autoroute au réseau artériel de la Ville de Montréal.

Construit à la fin des années 50 pour relier les secteurs situés de part et d'autre de l'autoroute, le rond-point l'Acadie a été entièrement reconfiguré, au début des années 2000. La facture de ce projet était estimée à 58 millions. Les travaux terminés, à la fin de 2004, en ont coûté le double : 116 millions.

Dans les mois qui ont suivi l'inauguration de la structure, l'autoroute Métropolitaine, qui passe sous le rond-point, a été complètement inondée à deux reprises, et ce, à seulement trois semaines d'intervalle, en raison des précipitations d'une rare intensité tombées sur Montréal les 14 juin et 5 juillet 2005.

Ces incidents ont été attribués aux précipitations exceptionnelles qui ont surchargé un collecteur principal de conduite d'eau de la Ville de Montréal, qui draine les eaux usées d'une large portion du nord de la ville, englobant tout le secteur du rond-point l'Acadie.

À la suite d'une troisième inondation survenue en juillet dernier, le ministère des Transports du Québec (MTQ) et la Ville de Montréal ont entrepris la réalisation d'études hydrauliques pour tenter de comprendre comment et pourquoi se produisent ces surcharges du collecteur, et trouver des solutions pour y remédier, a révélé hier M. Fontaine.

Hier matin, l'inondation de la chaussée n'avait toutefois rien à voir avec le collecteur de la Ville, ni avec des pluies intenses. Selon Environnement Canada, les précipitations de mercredi à hier ont laissé environ 10 mm d'eau sur la ville, dans les trois heures qui ont précédé l'inondation de la voie de service de l'autoroute 40.

«Ce n'était pas un problème de refoulement, a dit M. Fontaine, mais plutôt un problème d'écoulement. Les équipes d'entretien dépêchées sur les lieux ont constaté qu'il y avait des débris qui obstruaient trois regards d'égout. Le curage des trois regards a été fait, et les eaux se sont écoulées immédiatement.»

M. Fontaine a précisé hier qu'on «a convenu avec l'arrondissement qu'on procédera à un nettoyage plus fréquent de ces regards d'égout. Habituellement, on le fait une fois aux six mois. Mais je pense que dans ces conditions, avec ce qu'on a vu aujourd'hui, ça va être fait désormais tous les mois.»

En plus des trois inondations de 2005 et 2009, c'est aussi la troisième fois qu'une voie de service de la Métropolitaine, dont l'entretien relève de la Ville de Montréal, doit fermer en raison d'une accumulation d'eau pouvant représenter un risque pour la sécurité des automobilistes. Des incidents de même nature ont été signalés en 2006 et 2007.

Pas aussi simple

En entrevue à La Presse, le sous-ministre adjoint responsable de la direction territoriale de Montréal au MTQ, Jacques Gagnon, a reconnu qu'«il ne devrait pas y avoir une telle récurrence d'événements» sur une autoroute aussi importante que la Métropolitaine, où circulent quotidiennement près de 200 000 automobiles et camions.

«La Ville de Montréal, a dit M. Gagnon, analyse le problème de son réseau collecteur, et on doit nous présenter prochainement, j'espère, des pistes de solution. Nous, au Ministère, on est prêts à collaborer avec la Ville pour régler le problème, mais dans l'intervalle, nous ne pouvons pas nous imposer dans sa juridiction.»

M. Gagnon a précisé que même si les études hydrauliques susceptibles de déceler les problèmes de ruissellement et d'écoulement des eaux, dans cette large zone, ont commencé seulement après l'inondation de l'été dernier, «la Ville et le Ministère travaillent de concert depuis les premiers incidents de 2005».

«Lors d'un de ces incidents, les regards d'égouts avaient été soulevés par l'eau, qui sortait des égouts comme en geyser, a rappelé M. Gagnon. Cela posait un problème de sécurité évident. Nous avons donc boulonné les regards, et nous avons installé des clapets anti-refoulement dans les conduites d'eau. L'eau ne monte plus sur l'autoroute. Les problèmes sont sur les voies de service.»

M. Gagnon a insisté sur le fait qu'il ne veut pas «lancer la pierre» à la Ville de Montréal, et que l'analyse de l'écoulement et du captage des eaux provenant des fortes pluies, dans ce secteur, est «extrêmement complexe».