Le Parti municipal de Longueuil (PML) a rejeté le budget de la mairesse Caroline St-Hilaire parce qu'il jugeait trop abrupte la hausse de 10% de l'impôt foncier. Pourtant, le parti qui dirigeait la Ville jusqu'aux dernières élections avait été informé dès septembre 2008 qu'une telle mesure serait nécessaire, selon un document que La Presse a obtenu.

Trois jours avant Noël, le PML s'est servi de sa majorité au conseil municipal pour rejeter le budget déposé par la mairesse. Ses élus ont jugé excessive la hausse moyenne de l'impôt foncier de 9,6% proposée par Mme St-Hilaire, qui comprenait un bond de 7,9% dans le secteur résidentiel.

 

«Dans le contexte économique actuel, la hausse proposée par la mairesse est inacceptable», a déclaré le chef de l'opposition, Gilles Grégoire.

Or, un document préparé par des fonctionnaires municipaux porte à croire que le PML sait depuis longtemps qu'une hausse de l'impôt foncier est nécessaire. Lors d'une réunion tenue dans les Cantons-de-l'Est, le directeur général, Guy Benedetti, et ses adjoints ont informé l'ancienne administration Gladu qu'il faudrait hausser l'impôt foncier de 8% à 10% en 2010.

Service de la dette

Cette mesure «est principalement due au service de la dette et en ne présumant aucune appropriation de surplus», peut-on lire dans la présentation.

Tout le caucus du PML de l'époque a assisté à cette réunion.

«Ils savaient qu'ils allaient devoir augmenter les taxes après les élections, a indiqué la porte-parole de la mairesse St-Hilaire, Judith Boivin. C'est notamment à cause des décisions prises au sujet de la dette et du contrat de collecte des matières résiduelles.»

Dans leur exposé, les hauts fonctionnaires soulignent d'ailleurs que le taux d'imposition est bas à Longueuil et que le service de la dette «est un élément important du défi budgétaire».

«L'administration municipale avait clairement mis en garde le PML contre les conséquences de leurs décisions politiques», a martelé Mme Boivin.

Le porte-parole du PML, Éric Côté, reconnaît que les fonctionnaires avaient mis en garde l'ancienne administration sur l'état des finances publiques. Mais il précise que la hausse de 8% à 10% anticipée pour 2010 n'était qu'un scénario.

«Entre le scénario présenté et ce que le PML aurait pu présenter, il y a une grande différence, a-t-il indiqué. On parlait d'une hausse de 5% à 7%.»

Après avoir rejeté le budget, l'opposition a présenté une contre-proposition qui prévoit une augmentation de l'impôt foncier de 4,1% dans le secteur résidentiel. Furieuse, la mairesse avait souligné que chaque jour de report du budget coûterait 7000$ aux contribuables. Elle a aussi convoqué pour demain une réunion de la commission des finances, à laquelle siègent trois conseillers de son parti, Action Longueuil, et trois conseillers du PML. Pour la première fois dans l'histoire de la Ville, le public pourra assister à la rencontre, qui sera aussi diffusée sur l'internet.

«Ils veulent qu'on parle des vraies affaires, on va tout mettre sur la table et le public aura accès à tout», a-t-elle déclaré.

La mairesse a mis la table à une augmentation de l'impôt foncier dès le début décembre, lorsqu'elle a mis au jour une impasse budgétaire de près de 30 millions.