Un promoteur immobilier écope d'une amende de 3000$ pour avoir versé une contribution illégale au parti du maire Gérald Tremblay en 2005. Pasquale Carbone, président des Développements Carbocan, a utilisé son entreprise pour émettre deux chèques à la défunte Union des citoyens et des citoyennes de l'île de Montréal (UCIM), a annoncé hier le Directeur général des élections (DGEQ).

En avril 2006, La Presse a révélé que l'UCIM, aujourd'hui Union Montréal, avait eu recours aux services de l'avocat et homme d'affaires Vincent Chiara pour organiser une activité de financement. La soirée s'est tenue le 31 août 2005 à sa résidence de Laval, et elle a permis au parti de recueillir 54 000$.

 

C'est lors de cette soirée que M. Carbone a versé deux contributions totalisant 2000$ au parti du maire, selon le DGEQ. Mais c'est son entreprise, et non lui, qui a émis les deux chèques.

Joint hier, l'entrepreneur a admis avoir commis une erreur. Il a aussi affirmé ne pas se souvenir si la soirée s'est déroulée à Laval, chez M. Chiara.

«Ils m'ont demandé une contribution et j'ai fait une erreur, a-t-il indiqué lors d'un entretien téléphonique. J'ai envoyé un chèque de la compagnie au lieu d'un chèque personnel.»

Ce n'est que lorsqu'un autre quotidien montréalais a fait état de la soirée, en novembre 2008, que le DGEQ s'est penché sur le dossier. L'organisme a scruté les contributions versées ce soir-là. Au terme de l'enquête, l'entrepreneur a plaidé coupable à une infraction à la loi électorale, qui stipule que les entreprises ne peuvent contribuer à des partis politiques.

L'entreprise a payé une amende de 3000$.

Les développements Carbocan ont été associés à plusieurs projets résidentiels à Montréal au cours des dernières années. La firme a notamment réalisé Les Châtelets et Le Domaine Wilson, d'importants immeubles à appartements en copropriété à Ahuntsic, ainsi que des projets dans les arrondissements de Pierrefonds-Roxboro, Saint-Léonard, Ville-Marie, Anjou et Saint-Laurent.

L'entreprise n'a décroché aucun contrat avec la Ville de Montréal dans les dernières années.

Dans un communiqué diffusé en début de soirée, Union Montréal a dénoncé l'infraction. Le parti a fait savoir qu'il a déjà entrepris des démarches pour restituer à Carbocan les contributions illégales.

«Union Montréal, qui a collaboré et fourni des informations dans cette affaire, salue le travail du DGEQ», a fait savoir le parti.

Manque de vigilance

Reste qu'aux yeux de Projet Montréal, l'épisode démontre que le parti du maire entretient des liens beaucoup trop étroits avec les intérêts privés. Il dénonce aussi son «manque de vigilance», puisque son personnel aurait facilement pu détecter la faute.

«Ils n'ont même pas pris la peine de vérifier que celui qui avait fait le chèque n'était pas une compagnie, a dénoncé le porte-parole en matière d'éthique, Alex Norris. À sa face même, le don était illégal.»

Vision Montréal n'a pas donné suite aux demandes d'entrevue de La Presse.