Les cols bleus entameront 40 jours de grève tournante dans moins de deux semaines, a appris La Presse. Leur syndicat en avisera officiellement les autorités municipales aujourd'hui, pendant que le maire Gérald Tremblay dévoilera son budget.

Les 5000 travailleurs manuels de la Ville lanceront le débrayage le 25 janvier, un arrondissement à la fois pour en atténuer l'impact sur la population, selon le Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal.

 

«On veut agir, démontrer le sérieux de notre démarche tout en ne prenant pas la population en otage», a résumé le président du syndicat, Michel Parent.

Les cols bleus sont sans contrat de travail depuis deux ans et demi. Ils dénoncent à la fois la lenteur des négociations et le recours croissant de la Ville à l'entreprise privée.

Les services municipaux seront donc suspendus dans l'arrondissement de Ville-Marie le 25 janvier. Le lendemain, c'est dans Notre-Dame-de-Grâce-Côte-des-Neiges que les travailleurs débraieront. Suivront Saint-Laurent, Mercier-Hochelaga-Maisonneuve et ainsi de suite.

La grève tournante durera jusqu'au 5 mars. Chacun des 19 arrondissements sera touché deux fois. Quant aux services qui ne sont rattachés à aucun arrondissement en particulier, comme les grands parcs et les usines de traitement des eaux, ils seront aussi paralysés par deux jours de grève, mais ce seront des jours de week-end.

«Au lieu de faire une grève générale où on met tout le monde en grève et où on risque de paralyser la ville, on y va arrondissement par arrondissement, a résumé M. Parent. On souhaite pénaliser le moins possible la population tout en maintenant le crescendo contre l'administration.»

Déneigement

Le syndicat souhaite que le déneigement soit maintenu dans les arrondissements où plus de la moitié de ce service est assuré par des employés municipaux. À LaSalle, par exemple, le déblayage et l'enlèvement de la neige sont entièrement réalisés par des cols bleus.

Mais dans les arrondissements où plus de 50% du déneigement est confié à des entrepreneurs privés, le syndicat donnera le mot d'ordre de ne pas travailler. C'est le cas notamment dans Ville-Marie, Outremont et Saint-Léonard.

Les travailleurs devront toutefois obtenir l'aval du Conseil des services essentiels avant de lancer les moyens de pression.

Les négociations achoppent sur plusieurs points, notamment les augmentations de salaire et le plancher d'emplois. Selon le syndicat, la sous-traitance est le principal enjeu des pourparlers.

Les cols bleus demandent à la Ville de moins recourir aux firmes privées pour les services comme le déneigement et de plutôt conférer un statut permanent aux quelque 600 employés auxiliaires qu'elle emploie déjà.

Il n'a pas été possible d'obtenir la réaction de la Ville de Montréal, hier soir.