Des conseillers de Projet Montréal se sont portés à la défense de leur chef, hier, après qu'il eut été critiqué par un de ses propres militants pour avoir appuyé le budget du maire Gérald Tremblay. Mais Richard Bergeron, lui, est resté muet face aux reproches.

Ancien conseiller municipal et candidat de l'Union des forces progressistes, Paul Cliche milite au sein de Projet Montréal depuis sa fondation en 2004. Dans une lettre ouverte parue sur son blogue et dans un quotidien montréalais, hier, il a dénoncé le vote de son chef en faveur du budget, une décision qu'il apparente à de la «schizophrénie politique».

 

«Je crains que l'expérience de M. Bergeron ne tourne en une folle équipée personnelle dont Projet Montréal et ses idées progressistes feront les frais, a-t-il écrit. Des dizaines de milliers de Montréalais ont fait confiance à ce jeune parti réformiste au cours de l'élection de novembre dernier. Il ne faudrait surtout pas que cet espoir collectif soit déçu.»

En entrevue, M. Cliche jure qu'il ne met pas en cause la bonne foi de son chef. Mais il dit ne pas être le seul dans les rangs de Projet Montréal à se sentir frustré par sa décision. «Il a avalé une couleuvre et il va en manger bien d'autres, a-t-il résumé. Et ça, ça met des militants mal à l'aise.»

Richard Bergeron a refusé de commenter la sortie de son militant, hier, son porte-parole affirmant qu'il n'avait rien à ajouter par rapport à la semaine dernière. En revanche, tous les conseillers de Projet Montréal que La Presse a joints ont minimisé la portée des propos de M. Cliche. Selon eux, son point de vue est marginal au sein du parti.

«Ce n'était pas schizophrénique, c'était responsable», a résumé François Limoges, conseiller du district Saint-Édouard, dans Rosemont.

Il fait valoir que le vote de M. Bergeron lui permet de conserver sa place au comité exécutif, l'équivalent municipal du Conseil des ministres. Il pourra ainsi exercer une influence bien plus grande que s'il restait cantonné dans l'opposition.

«Je crois qu'effectivement, Richard fait la politique différemment et que c'est un risque pour un parti de voir son chef dans l'administration, a convenu le conseiller de la ville dans le Mile-End, Alex Norris. Mais en même temps, ça nous donne plus d'influence à l'Hôtel de Ville sans enlever notre capacité d'être un parti de l'opposition.»

Avant Noël, Projet Montréal avait posé trois conditions à son appui au budget de l'administration Tremblay. Une seule a été comblée, soit la création d'un fonds pour bonifier la dotation des arrondissements. Richard Bergeron a néanmoins voté pour le budget, même si ses neuf conseillers s'y sont opposés.