Les contribuables montréalais ont versé plus de 2,4 millions en indemnités de départ aux conseillers municipaux battus ou qui ont quitté volontairement la vie politique à l'issue des élections du 1er novembre dernier.

Selon une compilation obtenue par La Presse, trois anciens piliers de l'administration Tremblay ont reçu les chèques les plus généreux. Celui qui a eu droit à l'indemnité globale la plus importante est Cosmo Maciocia, président de l'arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles entre 2002 et 2009 et responsable de l'habitation au comité exécutif.

Allié de la première heure de Gérald Tremblay, il avait également été député libéral provincial dans les années 80. Il avait annoncé sa retraite politique en avril 2009. À son allocation de départ de 34 049$ s'ajoute une allocation dite «de transition» de 80 955$.

Son ex-collègue André Lavallée, qui a subi une défaite crève-coeur à la mairie de Rosemont-La Petite-Patrie le 1er novembre dernier, a eu droit à 108 186$. Entre 2005 et 2009, il a été l'homme de confiance du maire Tremblay en matière de transport et d'aménagement urbain et a hérité du poste de vice-président du comité exécutif en janvier 2009.

Sa défaite en novembre dernier n'a pas sonné le glas de son engagement en politique municipale puisque, une semaine plus tard, il a été nommé directeur du cabinet du maire Tremblay dans l'arrondissement de Ville-Marie.

Le frère du maire, Marcel Tremblay, a reçu quant à lui des allocations de départ et de transition totalisant 102 930$. En politique municipale depuis 2001, il avait hérité du délicat dossier du déblaiement de la neige au comité exécutif en 2008. Auparavant conseiller dans Notre-Dame-de-Grâce, il a mordu la poussière le 1er novembre dernier comme candidat à la mairie de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, qu'a remportée Anie Samson, de Vision Montréal.

À partir de 1220$

Ces allocations imposables sont calculées automatiquement d'après une formule complexe, essentiellement basée sur le salaire des ex-conseillers et sur la durée de leur mandat. Elles se sont chiffrées en moyenne à 52 000$ et ont été versées aux 46 élus battus ou qui ne se sont pas représentés aux dernières élections municipales. Ce changement de garde, du jamais vu dans la nouvelle Ville de Montréal, explique en partie le montant total impressionnant de 2,4 millions en allocations. Le nombre record pour une ville canadienne d'élus à Montréal est également responsable de cette facture élevée. Toronto, à titre d'exemple, ne compte que 45 élus pour une population de 2,5 millions d'habitants; Montréal en compte 103 pour 1,6 million d'habitants.

Les allocations s'ajoutent, dans la plupart des cas, à la rente de retraite que les élus qui ont au moins deux ans de service peuvent encaisser à partir de 50 ans.

Il n'y a aucune «discrétion» dans l'application de la loi, précise-t-on à l'hôtel de ville: Montréal ne fait que respecter ses obligations légales envers les élus dont le mandat a pris fin l'automne dernier.

Les indemnités ne sont versées qu'aux conseillers qui n'ont plus de siège élu. Rien n'empêche cependant d'ex-politiciens d'être nommés à des fonctions administratives dans l'appareil municipal après avoir reçu leur allocation. Outre André Lavallée, c'est notamment le cas de Michel Labrecque, conseiller battu du parti du maire dans Plateau-Mont-Royal, qui a conservé son poste de président de la Société de transport de Montréal. M. Labrecque a eu droit à des allocations de départ et de transition totalisant 64 464$.

Les sommes varient énormément d'un ex-élu à l'autre. La plus petite prime a été versée à Michael Vadacchino, devenu conseiller de Vision Montréal lors d'une élection partielle dans LaSalle en décembre 2008 et battu le 1er novembre dernier. Sa brève incursion en politique municipale lui a valu une allocation de départ de 1220,58$. Comme il n'a pas siégé pendant au moins 24 mois, il n'a pas droit à une allocation de transition. Une seule autre conseillère, Hasmig Belleli, se retrouve dans la même situation. Élue en septembre 2008 puis battue aux dernières élections, son allocation de départ est de 2117,37$.

Par ailleurs, deux ex-conseillers, Marcel Parent et Warren Allmand, n'ont eu droit à aucune allocation de départ. C'est que cette prime est calculée en fonction des années durant lesquelles les élus ont contribué au régime de retraite. Les deux, explique-t-on à l'hôtel de ville, avaient dépassé l'âge permis de 69 ans pour contribuer à cette caisse au moment de leur arrivée au conseil municipal. Ils ont dû se contenter des allocations de transition, de 79 970$ et 43 390$ respectivement.