Montréal et les banlieues vont demander au gouvernement du Québec de hausser la taxe d'accise sur l'essence de deux cents le litre afin de régler les déficits chroniques des réseaux de transports collectifs jusqu'en 2020, a appris La Presse.

Dans un deuxième temps, le prix du litre d'essence pourrait même être appelé à bondir de 10 cents supplémentaires afin de financer de grands projets de transports en commun dont les coûts totaliseront 20 milliards de dollars.

Ces demandes découlent d'une entente conclue jeudi dernier entre les maires de la métropole pour un nouveau «cadre de financement et de gouvernance des transports en commun métropolitains», après sept ans de discussions stériles, de rapports, de délais et de querelles de clocher qui ont miné la performance des réseaux depuis le début des années 2000.

Qualifiée d'»historique» par une porte-parole de la Société de transport de Montréal (STM), cette entente vise à rétablir l'équilibre des finances des sociétés de transports en commun et à lancer de nouveaux services.

L'entente de cinq ans, renouvelable pour cinq ans, s'étendrait sur la même période que la stratégie de réduction des gaz à effet de serre (GES) adoptée à la fin de 2009 par le gouvernement Charest. Québec projette une réduction de 20% de ses émissions de GES, responsables des changements climatiques, d'ici à 2020. En adoptant le même horizon de 10 ans, les élus de la métropole souhaitent que Québec associe le développement des réseaux de transports en commun à cette cible environnementale ambitieuse.

Depuis près de 15 ans, les automobilistes paient déjà sur l'essence une taxe de 1,5 cent le litre pour financer les transports en commun. Ces sommes sont versées à l'Agence métropolitaine de transport (AMT), un organisme provincial. En 2009, cette taxe a rapporté 51,3 millions à l'AMT, qui gère les trains de banlieue et autobus métropolitains.

Les hausses de la taxe d'accise demandées par les villes de la métropole feraient passer la contribution des automobilistes à 13,5 cents le litre. La hausse de 2 cents réclamée pourrait produire des revenus estimés à 55 millions par année.

Selon les données obtenues par La Presse, la STM serait le plus important bénéficiaire de cette hausse. Elle retirerait presque 80% des recettes, soit 43 millions de dollars. Cela lui permettrait d'en finir avec le «déficit structurel» estimé à environ 40 millions qu'elle traîne de budget en budget depuis le début des années 2000.

Les villes de Longueuil et de Laval recevraient respectivement 5,4 et 4 millions, et les villes de banlieue environ 2 millions.

L'entente prévoit aussi la mise en place d'une autre source de revenus récurrente pour financer une longue liste de projets, dont le renouvellement des voitures du métro (4,5 milliards), la construction des trois tronçons de métro prévus à Montréal, à Laval et à Longueuil (4 milliards), la navette ferroviaire de l'aéroport Montréal-Trudeau (1 milliard) ou l'aménagement d'un train léger entre Montréal et la Rive-Sud, dans l'axe du pont Champlain (1 milliard).

On propose deux scénarios au gouvernement du Québec : l'instauration d'un péage dans l'ensemble du réseau autoroutier de la région métropolitaine, ou une autre hausse de la taxe d'accise sur l'essence (10 cents le litre).

Le second scénario, difficile à faire avaler aux consommateurs mais simple à mettre en place, aurait de loin la faveur des élus.

Le péage serait une solution de dernier recours, selon les sources de La Presse, en raison de la complexité des équipements à déployer et des coûts d'implantation très élevés, estimés à 250 millions de dollars.