Un résidant du quartier Pointe-Saint-Charles, à Montréal, a trouvé sur le trottoir une vingtaine de relevés de marge de crédit de clients de la Banque Royale du Canada. 

Les documents ont été découverts au début du mois de février dans la rue De Condé, non loin de l'entreprise de recyclage Fibres JC. Ils contenaient plusieurs renseignements sur les clients, dont leur nom, leur adresse, leur numéro de compte et la valeur de leur limite de crédit.

Les 21 relevés étaient toujours attachés ensemble, ce qui prouve qu'ils n'ont jamais été envoyés aux clients.

La Banque Royale a mené une enquête pour comprendre comment ces documents hautement confidentiels ont pu se retrouver dans la rue, accessibles à n'importe quel passant.

«Nous ne pouvons déterminer avec précision ce qui s'est produit, mais la probabilité la plus forte, c'est que le vent ait emporté ces documents à l'extérieur du périmètre de l'usine de déchiquetage», a dit Raymond Chouinard, porte-parole de la Banque Royale.

M. Chouinard a expliqué que les relevés avaient été produits par Symcor, un sous-traitant qui fait affaire avec Fibres JC pour déchiqueter les documents confidentiels, a-t-il indiqué.

«La Banque comme ses fournisseurs doivent suivre un protocole très strict pour éliminer des documents, a affirmé Raymond Chouinard. Les documents doivent être placés dans des bacs fermés à clé dans un mode sécurisé de À à Z.»

La Banque Royale, qui assume l'entière responsabilité de cette affaire, a pris des mesures pour contrer cette possible «faiblesse» dans le processus, a dit M. Chouinard. L'institution entend communiquer avec la vingtaine de clients touchés pour leur offrir ses excuses et s'assurer qu'ils n'ont pas été victimes de fraude.

Ce mea-culpa n'a pas su rassurer Julie Lauzon, l'une des clientes concernées. La Montréalaise de 35 ans se fait un devoir de déchiqueter tous les documents qu'elle met au recyclage. «C'est inacceptable, a-t-elle dit. Pas plus tard que la semaine dernière, la Banque nous a appelés pour nous proposer un forfait payant censé offrir une meilleure protection de notre carte de crédit. C'est un peu ironique!»

Pas une exception

Interrogés par La Presse, les résidants de la rue De Condé n'étaient pas étonnés qu'un passant ait trouvé des relevés bancaires dans leur rue. Les jours de grand vent, une multitude de papiers jonchent les rues voisines de l'usine de recyclage.

«Depuis 10 ans, j'ai trouvé des documents confidentiels provenant de plusieurs banques, mais aussi des dossiers médicaux complets, radiographies comprises!» a dit Steven Graetz, propriétaire d'un studio de photographie. Fibres JC n'a pas souhaité faire de commentaire.

La Commission d'accès à l'information s'est dite «préoccupée» par la situation. Les entreprises sont tenues par la loi de protéger les renseignements personnels qui lui sont confiés. La porte-parole de l'organisme, Caroline Renaud, a invité la population à signaler les fuites à la Commission, qui a le pouvoir d'enquêter et de rendre des ordonnances.

Sans commenter de cas en particulier, la police de Montréal a rappelé l'importance de déchiqueter ou de découper tout document contenant des renseignements nominatifs. «Il ne faut pas prendre cela à la légère», a dit Robert Quévillon, commandant de la division des crimes économique et de propriété. À Montréal, les crimes liés au vol d'identité sont en croissance depuis cinq ans, a-t-il souligné.