Les citoyens qui s'opposent à la conversion en condos d'un bâtiment patrimonial situé sur les flancs du mont Royal promettent de se rendre nombreux à l'hôtel de ville, ce soir. Le conseil municipal doit se prononcer sur l'avenir de l'ancien couvent Mont-Jésus-Marie, que le Groupe F. Catania souhaite transformer en résidences de luxe.

L'administration Tremblay a surpris tout le monde, vendredi, en ajoutant ce dossier à l'ordre du jour de la réunion du conseil municipal. Même Richard Bergeron, pourtant responsable de l'urbanisme au comité exécutif, a été pris de court par la décision.

 

«Il n'y a pas de qualificatif assez fort pour exprimer notre indignation, a affirmé Pierre Labelle, porte-parole du Rassemblement pour la sauvegarde du Pavillon 1420, boulevard Mont-Royal. On sent qu'il y a quelque chose qui se trame. Pourquoi passer ça en douce, en vitesse? On se prépare à réagir lundi (ce) soir.»

Le porte-parole du maire Gérald Tremblay, Bernard Larin, a indiqué que l'administration n'a encore pris aucune décision. Le comité exécutif se réunira cet après-midi pour discuter de la nature du projet qui sera soumis au conseil.

En août, les élus ont décidé de rembourser au Groupe F. Catania une garantie bancaire de 200 000$ qu'il avait versée à la Ville. Certains avaient interprété cette demande du promoteur comme un signe que le projet battait de l'aile.

Mais le porte-parole de la firme, Philippe Roy, assure qu'il n'en est rien.

«De notre côté, le projet n'a jamais été remis en question, a-t-il indiqué. Les 200 000$ n'ont jamais eu un impact sur la volonté du promoteur d'aller de l'avant avec le projet.»

M. Roy affirme que le Groupe F. Catania n'a pas modifié son projet, qui a été jugé «acceptable» et «recevable» par l'Office de consultation publique de Montréal. L'organisme recommandait toutefois à l'Université de Montréal de poursuivre les démarches pour trouver un acquéreur institutionnel au bâtiment.

Les partis de l'opposition s'insurgent contre le projet. Mais puisqu'ils n'ont pas la majorité au conseil municipal, leur vote ne devrait pas empêcher son adoption.

«La société pensait que ces batailles contre la construction sur la montagne étaient finies», a soupiré la leader en chambre de Projet Montréal, Josée Duplessis.

Balayé sous le tapis ?

Vendredi, Louise Harel a dénoncé le fait que le projet qui sera soumis aux élus est identique à celui qui a été critiqué par le public lors des consultations. Elle a écorché le maire Tremblay pour l'avoir balayé sous le tapis pendant la campagne électorale.

Le vaste immeuble de pierre brune construit en 1925 a été la maison mère des soeurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie jusqu'en 2003. La congrégation l'a alors vendu à l'Université de Montréal pour la somme de 15 millions.

À l'origine, l'Université souhaitait y aménager des salles de cours et des laboratoires. Mais les coûts de rénovation, estimés à l'origine à 54 millions, ont explosé. Selon ses derniers calculs, l'Université aurait dû débourser 130 millions pour mener son projet à terme.

Elle a sollicité l'aide du gouvernement et de donateurs privés pour financer les travaux, mais en vain. Elle a donc mis l'immeuble en vente par appel d'offres à l'été 2007.

Seuls des promoteurs privés ont soumissionné. Aucune institution publique n'a montré d'intérêt.

L'Université a finalement retenu l'offre du Groupe F. Catania, qui souhaite aménager 123 appartements en copropriété et construire un stationnement souterrain de 222 places. Le promoteur promet de conserver la façade du bâtiment, de reboiser une partie du stationnement et de permettre au public d'accéder au mont Royal par un sentier qui traverse la propriété.