Plus de quatre employés de Montréal sur dix vivent à l'extérieur de la métropole, a révélé Projet Montréal, hier. Et selon son chef Richard Bergeron, ce sont les services aux citoyens qui en souffrent.

Le deuxième parti d'opposition à l'hôtel de ville a recueilli des données sur les lieux de résidence des 29 000 employés de Montréal. Résultat: près de 80% des policiers et des pompiers vivent hors de Montréal. La moitié des travailleurs des services centraux habitent en banlieue. Même chose pour 45% des cols bleus.

Le recensement de Projet Montréal n'est pas exhaustif, puisqu'il n'a pu obtenir les lieux de résidence de tous les employés municipaux. Mais le parti a obtenu des données précises sur les policiers. Ces chiffres révèlent que 12 d'entre eux vivent à St-Hyacinthe, 30 résident à St-Jérôme. Repentigny est aussi une destination populaire: 205 agents y habitent.

Mais d'autres voyagent bien davantage: des policiers de Montréal viennent d'aussi loin que de Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix, près de la frontière américaine, de Sherbrooke et même de Québec.

Richard Bergeron se défend de vouloir lancer la pierre aux travailleurs. Selon lui, c'est la Ville de Montréal qui est à l'origine du phénomène parce qu'elle fournit des stationnements gratuits, des allocations auto et des voitures de service à plusieurs employés.

Il estime qu'un employé municipal qui habite loin des citoyens qu'il dessert connaîtra beaucoup moins les problèmes locaux qu'un travailleur qui habite sur place. Et par conséquence, ce sont les Montréalais qui font les frais de l'exode des travailleurs.

«Le résultat de cette politique de la Ville réduit, abaisse la qualité des services aux citoyens», a dénoncé Richard Bergeron lors d'une conférence de presse.

C'est absolument faux, rétorque le porte-parole du maire Gérald Tremblay, Bernard Larin. Selon lui, les employés sont embauchés sur la base de leurs compétences. Leur lieu de résidence, dit-il, n'a absolument aucun effet sur la qualité du service qu'il rendent à la population.

«Est-ce que le territoire d'appartenance est déterminant pour la loyauté d'un employé? Franchement non», a-t-il affirmé.

Projet Montréal souhaite que la Ville cesse de fournir des allocations automobiles, des stationnements et des voitures à ses travailleurs, une mesure qui profite de toute manière aux cadres et aux hauts-fonctionnaires. Richard Bergeron calcule que l'ensemble de ces bonis coûte chaque année 35 millions aux contribuables.

À la place, il suggère de fournir gratuitement des laissez-passer mensuels à tous les employés, une mesure qui coûterait 25 millions. Il presse aussi la Ville de bâtir un réseau de Tramway afin de stimuler le transport collectif.

M. Bergeron souligne que la vaste majorité des travailleurs de la banlieue utilisent leur voiture pour se rendre au travail. Ils viennent ainsi engorger les routes et contribuer à la pollution de l'air. Il accuse l'administration Tremblay de rester les bras croisés devant le phénomène.

«On entretient chez les travailleurs la dépendance à l'automobile, on la nourrit, on l'encourage», a-t-il dénoncé.

L'administration Tremblay souligne que les tribunaux ont déjà statué qu'une ville n'a aucun droit de regard sur le lieu de résidence de ses employés. Bernard Larin souligne d'ailleurs que la Ville déploie de nombreux efforts pour retenir les familles à Montréal, et ainsi freiner l'exode vers les banlieues.