«Manque de transparence», «incompréhension», «problème d'attitude»... Le maire de l'arrondissement du Sud-Ouest, Benoît Dorais, ne mâche pas ses mots pour dénoncer la manière dont Transports Québec (MTQ) pilote la reconstruction de l'échangeur Turcot. Il craint que le Ministère ne fasse fi du tracé retenu par la Ville de Montréal, ce qui entraînerait une facture de plusieurs millions pour ses contribuables. «Il y a un problème d'attitude avec le MTQ, une incompréhension totale du fait que cet échangeur n'est pas en plein milieu d'un champ, mais dans un milieu urbain à forte densité», a dénoncé M. Dorais, hier, en entrevue avec La Presse.

La plus grande partie de ce vaste chantier de 1,5 milliard se déroulera sur le territoire de l'arrondissement du Sud-Ouest. À l'origine, 160 logements devaient être expropriés, un chiffre que le Ministère a ramené à une centaine dans la foulée des recommandations du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

 

Mais les résidants ne sont pas les seuls à risquer l'expropriation: l'arrondissement utilise un terrain qui est partiellement situé sous l'autoroute 15 pour entreposer du sel et divers équipements de travaux publics. Ce garage, qu'on désigne sous le nom de «clos de voirie Eadie», sera exproprié si le MTQ rebâtit l'échangeur sur des buttes de remblai, comme il l'a prévu à l'origine.

Comme près de la moitié du terrain appartient au MTQ, l'arrondissement ne sera indemnisé qu'en partie pour le déménagement de ses équipements. Le maire évalue que cela coûtera entre 15 et 20 millions, mais il ignore combien Québec lui versera.

Un problème semblable se présente au centre sportif Gadbois, en bordure du canal de Lachine. Jusqu'à l'an dernier, l'arrondissement utilisait un terrain vague situé sous l'échangeur comme stationnement.

La construction d'un remblai à quelques mètres à peine du centre se soldera par la fermeture du stationnement, dénonce le maire. Et l'autoroute sera directement à la hauteur des prises d'air du centre sportif.

Le Ministère a proposé de verser 3 millions pour aider l'arrondissement à construire un stationnement sous un terrain de baseball adjacent au centre sportif. Mais ce n'est qu'une fraction du coût total de 10 millions, déplore Benoît Dorais.

Un échangeur circulaire?

La Ville de Montréal a proposé un tracé qui prévoit l'élimination de bon nombre de remblais et la construction d'un échangeur circulaire beaucoup moins large que celui proposé par Québec. Ce plan permettrait à l'arrondissement de conserver ses installations, affirme le maire. Mais il craint que le Ministère ne le balaie d'un revers de main.

«On a peur que le train passe, a dit Benoît Dorais. Il y a un espèce de bulldozer, on le sent. Le MTQ veut passer ses idées, veut aller vite, dit qu'il y a urgence d'agir.»

Il n'a pas été possible de parler à un porte-parole du ministère des Transports, hier.