Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, estime que le gouvernement du Québec doit proposer de nouvelles sources de revenus pour financer les transports afin d'éviter que d'autres projets connaissent le même sort que celui de la rue Notre-Dame, victime de compressions budgétaires.

Dans un entretien avec La Presse, lundi, le maire Tremblay a reconnu que le projet de modernisation de la rue Notre-Dame, dans l'est de Montréal, n'a plus la priorité qu'il avait, en raison de l'imminence des travaux de reconstruction de l'échangeur Turcot, dans le Sud-Ouest. Selon le maire, ce n'est toutefois pas ce changement de priorité qui paralyse le projet, mais des compressions budgétaires de Québec qui ont entraîné des coupes importantes dans le projet initial en raison de son coût, estimé à 1,4 milliard de dollars.

«On ne veut pas d'une autoroute en tranchée comme l'autoroute Décarie, a dit le maire Tremblay. On veut des accès au fleuve pour les Montréalais, des espaces verts, une revitalisation du patrimoine en bordure du futur boulevard Ville-Marie.»

Le maire Tremblay a été avare de commentaires quant au nouveau projet «révisé» que le MTQ a présenté à la Ville à la fin de janvier. «C'est le résultat d'une analyse faite par des gens de transports, qui ont enlevé tout ce qui ne relève pas exclusivement des transports. Nous, à la Ville de Montréal, ce n'est pas comme ça qu'on voit le projet», a-t-il commenté, sans donner plus de précisions.

Le maire a dit comprendre que Québec soit serré sur le plan budgétaire. Il souligne que c'est aussi le cas de Montréal. Or, les problèmes de financement qui ont provoqué la «révision» du projet Notre-Dame risquent aussi d'entraver d'autres projets d'infrastructures,.

«On a l'échangeur Turcot, le train de l'Est, la voie réservée du boulevard Pie-IX, qui sont déjà annoncés, a rappelé le maire. Il y a aussi le prolongement du métro, les nouvelles voitures de métro qu'il faut acheter si on veut prolonger le réseau. Ça va prendre beaucoup d'argent pour financer ces projets. Et on n'a même pas encore parlé du projet de la rue Notre-Dame. C'est évident qu'il faut de nouvelles sources de revenus.»

En vue du budget provincial qui doit être présenté mardi prochain, le maire Tremblay revendique depuis plusieurs semaines l'imposition d'une taxe sur les carburants pour assurer la consolidation des réseaux de transports en commun et le financement d'autres projets de routes et de transports collectifs.

Lundi, La Presse a révélé que l'un des projets prioritaires de son administration depuis 2002, le projet de la modernisation de la rue Notre-Dame, est mis en suspens en raison de ses coûts, que Québec juge trop élevés.

Plusieurs chauds partisans du projet Notre-Dame, telles la chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) et l'Association du camionnage du Québec (ACQ), ont déploré ce nouveau report d'un projet qui traîne depuis 2001, tout en évitant de blâmer l'une ou l'autre des parties en cause.

Le président de la CCMM, Michel Leblanc, a dit comprendre que le MTQ et la Ville donnent priorité à l'échangeur Turcot en raison de sa vétusté. «Mais cela ne devrait pas les empêcher d'avancer dans la recherche des solutions pour régler les problèmes actuels de la rue Notre-Dame, comme celui des accès au port de Montréal, par exemple», a suggéré M. Leblanc.

À l'inverse, un des porte-parole de la Coalition citoyenne pour humaniser la rue Notre-Dame, Gaétan Legault, s'est dit satisfait de la mise en suspens du projet actuel «Je pense qu'il vaut mieux ne pas faire de projet du tout que d'en faire un mauvais, a-t-il commenté, et c'est ce qu'on s'apprêtait à faire avec le projet de la Ville et du MTQ.»

M. Legault estime que la Ville de Montréal et l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve pourraient déjà implanter les mesures promises dans le projet Notre-Dame pour réduire la circulation de transit dans les quartiers, et ce, sans attendre le feu vert de Québec.

«On pourrait implanter rapidement des mesures pour réduire le trafic de transit dans Hochelaga-Maisonneuve en intervenant sur chaque grande artère du quartier. Et ça, ça ne coûterait pas 700 millions», a dit M. Legault.