Le Groupe Catania devra attendre une autre journée avant de savoir s'il peut construire ses condos dans le couvent des soeurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie. Le conseil municipal ne votera qu'aujourd'hui le changement de zonage qui permettra au promoteur d'aller de l'avant avec son projet.

La décision de reporter le vote a été prise au terme d'une guerre de procédures qui s'est étirée jusqu'à minuit et quart à l'hôtel de Ville de Montréal. L'opposition était furieuse, parce que le parti du maire a décidé d'étirer les travaux, qui devaient se terminer à 23h.Tout ce brouhaha a commencé lorsque le parti de Gérald Tremblay a décidé, tard lundi soir, de modifier l'ordre du jour pour devancer le vote sur la résolution qui permettra à Catania d'aller de l'avant avec son projet.

L'idée n'a pas plu à l'opposition. La chef de Vision Montréal, Louise Harel, a déclaré qu'il était odieux de voter aussi tard, à 22h, alors qu'il ne restait que trois citoyens dans la salle.

Pour éviter que le vote ait lieu en soirée, les élus de Vision Montréal ont lu des lettres de citoyens opposés à la vente jusqu'à l'ajournement, à 23h.

Marvin Rotrand, conseiller pour l'équipe du maire, n'a visiblement pas apprécié ce petit manège: il a donc proposé de poursuivre les discussions toute la nuit, soulevant la grogne de l'opposition.

À minuit et quart, les partis se sont finalement entendus pour ajourner la séance.

Rappelons que la même résolution avait été battue au conseil du mois dernier parce qu'une dizaine de conseillers du maire étaient absents au moment du vote.

Un conseil mouvementé

Les détracteurs de la transformation de l'ancien couvent situé dans l'arrondissement historique et natuel de la montagne ont été nombreux à exprimer avec force leur désaccord au cours de la période de questions, qui se déroule au début du conseil, à 19h. Tous s'attendaient à ce que le vote controversé ait lieu aujourd'hui.

Plusieurs d'entre eux s'étaient réunis dans le grand hall de l'hôtel de Ville pour suivre la scéance. Ils applaudissaient avec vigueur les interventions des opposants qui se succédaient au micro.

Jean-Claude Marsan, professeur d'architecture à l'Université de Montréal, s'est désolé de voir le couvent du boulevard Mont-Royal passer aux mains du privé, affirmant que le maire «dépouillait les francophones de leur patrimoine».

Le péquiste Daniel Turp a quant à lui rappelé que l'Université de Montréal avait dépensé 15 millions pour acquérir le couvent, en 2003, et un autre 24 millions pour y faire des aménagements, à même des subventions gouvernementales.

«Et pourtant, l'Université consent à vendre le 1420 Mont-Royal au Groupe Catania pour la somme de 21 millions, a-t-il dit. Pourquoi un promoteur privé bénéficierait-il de fonds publics à des fins de développement immobilier?»

La chef de Vision Montréal, Louise Harel, a qualifié la vente de «grossière erreur».

«Le maire est prêt à laisser tomber son leadership, sa responsabilité, parce qu'un recteur d'université le lui a demandé. Et si les Sulpiciens lui demandaient d'en faire autant avec le séminaire de philosophie? Si l'Université lui demandait d'en faire de même avec (l'École de musique) Vincent-d'Indy? Si les Shriners lui demandaient d'en faire de même? Que leur répondrait-il?»

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a réitéré qu'il aurait «souhaité que le bâtiment reste institutionnel». Il a répété que l'Université n'avait pas les moyens de conserver l'immeuble.

Le maire a également rappelé que Héritage Montréal et les Amis de la Montagne avaient jugé le projet de Catania acceptable.