Louise Harel admet qu'elle aurait dû savoir qu'elle enfreignait la loi en cautionnant un prêt de 240 000$ à son parti, Vision Montréal. Mais elle s'est défendue d'avoir commis une fraude, lors d'une conférence de presse mercredi.

«Oui, j'aurais voulu être informée, a-t-elle affirmé. Est-ce que j'aurais dû l'être? Je dis oui.»Vision Montréal a contracté un prêt de 550 000$ à la toute fin de 2009 afin de rembourser ses fournisseurs. Dix-huit de ses élus se sont portés garants de l'emprunt. Du nombre, 14 ont cautionné une somme de 20 000$. Mme Harel a pour sa part cautionné une somme de 240 000$.

Or, la Loi sur le financement des partis politiques prévoit qu'un électeur ne peut se porter garant d'un prêt de plus de 10 000$.

Accompagnée de la directrice générale de Vision Montréal, Soraya Martinez, Mme Harel a fait un mea-culpa, mercredi, tout en réitérant qu'elle a commis une erreur de bonne foi.

«Il n'y a aucune contribution privée qui est en cause, a-t-elle martelé. Il n'y a pas de fonds publics qui sont concernés.»

Elle assure que des mesures ont déjà été entreprises pour rectifier la situation. Des élus ont scindé leur caution en deux pour se conformer à la loi. Et des sommes amassées lors d'un récent cocktail de financement serviront à éponger une partie de la caution de Mme Harel.

Mme Martinez prévoit que le parti et l'ensemble de ses élus se seront conformés à la loi d'ici un ou deux mois.

Le DGE enquête

Le Directeur général des élections a ouvert une enquête sur l'affaire, a indiqué sa porte-parole, Audrey Garon. Les élus qui auraient enfreint la loi, tout comme l'agent officiel du parti, sont passibles d'amendes allant de 500$ à 10 000$ s'ils sont reconnus coupables.

Entre-temps, le maire Gérald Tremblay s'est régalé des explications de la chef de l'opposition. Mme Harel a eu beau plaider l'ignorance, le maire n'en croit pas un mot.

«C'est un affront à l'intelligence des Montréalais, a-t-il asséné. Vingt-cinq ans d'expérience en politique au niveau du gouvernement du Québec, ancienne ministre des Affaires municipales, avocate. Nul n'est censé ignorer la loi.»

Son bras droit, Alan DeSousa, a affirmé que la crédibilité de Mme Harel était désormais compromise, elle qui a fait campagne sur l'éthique et l'intégrité.

«En faisant ça, ça a gonflé la capacité de dépenser, l'argent disponible pour dépenser du parti», a-t-il raillé.

Mais Mme Harel persiste et signe. La Loi sur le financement des partis politiques est complexe, et rares sont ceux qui la connaissent sur le bout des doigts.

Questionnée pour savoir pourquoi une politicienne de son expérience a pu se placer en contravention des règlements, Louise Harel a répondu: «Je n'ai jamais été sollicitée pour ce genre de situation. Il y a 1000 articles dans la loi. Je mets au défi quiconque de les connaître tous.»