Les coûts d'entretien annuel des autobus et des voitures du métro ont grimpé de 34% en seulement 5 ans, de 2004 à 2009, pour dépasser les 150 millions au total l'an dernier.

Selon des données que La Presse a obtenues en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, la Société de transport de Montréal (STM) a dépensé presque 50 millions pour assurer l'inspection, l'entretien et la réparation de ses 759 voitures de métro l'an dernier. En 5 ans, les coûts d'entretien de la STM ont augmenté de 32,5%, selon les données obtenues (voir le tableau).

Son parc d'autobus, qui compte près de 1700 véhicules, a coûté deux fois plus cher à entretenir que les voitures du métro. Pour la toute première fois, en 2009, le budget d'entretien et de réparation des autobus de la STM a fracassé la barre des 100 millions, en hausse de 5% par rapport à l'année précédente, et de presque 35% depuis 2004.

Dans une entrevue à La Presse, la semaine dernière, le directeur général de l'exploitation des réseaux de la STM, Carl Desrosiers, a attribué la hausse des coûts d'entretien des autobus à la réalisation de programmes ponctuels majeurs d'entretien mécanique et au rattrapage réalisé par les ateliers pour rendre plus de véhicules disponibles chaque jour en période de pointe.

«Il y a quelques années, dit M. Desrosiers, il me manquait souvent jusqu'à 200 autobus le matin pour répondre à l'offre de service aux usagers. Ce matin, il me fallait 1360 autobus sur la route, et j'en avais 1400 de disponibles. On a fait de grands progrès».

Dans le cas du métro, poursuit-il, la mise en service d'un nouveau tronçon de cinq kilomètres à Laval il y a trois ans, de même que l'augmentation de la fréquence des services hors période de pointe, ont entraîné une hausse importante du kilométrage parcouru. Les voitures de la STM avaient accumulé 58,8 millions de kilomètres au compteur en 2004. L'an dernier, elles ont parcouru un total de 76,3 millions de kilomètres, une hausse de 30%.

«Si on tient compte de l'augmentation du kilométrage, et qu'on ramène les données en dollars constants de 2004, dit M. Desrosiers, les coûts d'entretien des voitures du métro ont, en fait, baissé d'environ 7% par kilomètre depuis 2004.»

Période critique

En considérant l'âge des MR-63, qui ont plus de 43 ans de service, et les hausses substantielles du kilométrage parcouru depuis 2007, le responsable de l'exploitation du métro estime même «exceptionnelle» la productivité des ateliers d'entretien du matériel roulant de la STM.

Le vieillissement du matériel est toutefois en train de rattraper la STM, dit M. Desrosiers. L'an dernier, les coûts d'entretien par kilomètre ont grimpé de 3%, et une augmentation similaire est prévisible pour l'année en cours en raison de nouveaux investissements nécessaires pour le câblage électrique des MR-73, et pour l'espace intérieur des MR-63, en service depuis l'inauguration du réseau, en 1966.

Chaque jour de délai supplémentaire pour le remplacement des voitures du métro commence aussi à soulever des doutes quant à la capacité de la STM de fournir les pleins services aux usagers du métro d'ici quelques années. Or, la livraison de ces nouvelles voitures pourrait être retardée d'au moins deux ans si la STM doit lancer un nouvel appel d'offres international pour se conformer aux règles de la concurrence et du commerce international.

«À court terme, assure M. Desrosiers, il n'y a pas d'inquiétude. Les MR-63 et MR-73 sont très solides et bien entretenus. Mais ils demandent plus de maintenance, il faut usiner les pièces, les remplacer plus souvent. On doit les garder en atelier plus longtemps, et ça fait moins de voitures en service. Et pendant ce temps-là, le métro ne ralentit pas.»

«L'enjeu, c'est de savoir si nous serons capables de répondre à l'offre de service, parce que l'affluence continue d'augmenter, et que le nombre des voitures disponibles va aller en diminuant», dit le responsable de l'exploitation.

Selon M. Desrosiers, la disponibilité des voitures pour assurer les services réguliers pourrait devenir critique à partir de 2013. Un retard de deux ans porterait la mise en service des premières rames de voitures neuves jusqu'en 2015.