La fête d'après-match qui s'est déroulée au centre-ville de Montréal après la victoire du Canadien a dégénéré, tard mercredi soir. Quelque 41 personnes ont été arrêtées.

À minuit et quart, des casseurs ont fracassé la vitrine d'une succursale de la Société des alcools du Québec à l'angle des rues Sainte-Catherine et Stanley, qui a été pillée. 

Quelques minutes plus tard, les vitrines du magasin Foot Locker et de la boutique de vêtements Marciano, rue Sainte-Catherine, ont également été brisées à l'aide de bâtons et de bouteilles de bière.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a immédiatement donné l'ordre d'évacuer la rue Sainte-Catherine, où plusieurs trouble-fêtes défiaient toujours les forces de l'ordre. Les policiers ont largué au moins dix bombes de poudre irritante pour disperser les vandales, dont plusieurs portaient des cagoules.

Le SPVM fait état ce matin de 41 arrestations. Certains d'entre eux seront accusés de méfait, de vol et d'introduction par effraction, selon le SPVM. D'autres ont reçu un constat d'infraction pour ivresse sur la voie publique. «C'est environ 500 individus sur une foule d'environ 50 000 personnes qui n'ont pas collaboré», a précisé ce matin l'assistant directeur aux opérations du SPVM, Sylvain Brouillette.

«Les personnes arrêtées dans les commerces vandalisés n'étaient pas des partisans du Canadien, a indiqué Ian Lafrenière, responsable du module des relations médias du SPVM. C'était un groupe organisé.»

«On dit parfois qu'une foule a huit ans d'âge mental. Avec ce que l'on voit ce soir, on ne peut constater que c'est malheureusement vrai», a déploré un partisan du Canadien alors que des partisans paradaient dans la rue avec des mannequins de la vitrine du Foot Locker.

Deux policiers et un citoyen ont été légèrement blessés pendant les altercations, a précisé Ian Lafrenière.

Photo: Robert Skinner, La Presse

Le magasin Foot Locker a été la cible de pilleurs.

De la fête à la tension 

La soirée avait pourtant bien commencé. Dès la fin de la partie, les partisans réunis au Centre Bell et dans les bars du centre-ville ont envahi la rue Sainte-Catherine, qui a été fermée à la circulation entre les rues Guy et University.

La joie se lisait sur les visages des fans du Canadien, qui a éliminé les Penguins de Pittsburgh. L'équipe montréalaise a ainsi accédé à la finale de l'Association de l'Est pour la première fois depuis 1993, année de leur dernière conquête de la Coupe Stanley.

Fidèles à leur habitude, les partisans réunis au Centre Bell et dans les bars du centre-ville ont célébré dans la rue, sautillant de joie et chantant la gloire de leur équipe.

Dès 23h, les centaines de policiers déployés au centre-ville ont affronté les premiers moments de tension générés par quelques jeunes venus profiter des attroupements pour causes des ennuis.

Des fêtards ont notamment fracassé une vitrine à l'angle de la rue Sainte-Catherine et du boulevard Saint-Laurent, a rapporté la SPVM.

Vers minuit, la tension était palpable à l'angle des rues Sainte-Catherine et Stanley. Un groupe de jeunes a essayé de fracasser, sans succès, la vitrine du magasin Foot Locker. Des casseurs ont lancé des bouteilles de bière aux policiers.

L'escouade antiémeute, qui était sur les lieux dès le début de la soirée, a utilisé un irritant en poudre pour disperser les fêtards à l'angle de Drummond et Sainte-Catherine. Un cheval de la police a été blessé.

Des feux de papiers et de débris ont été allumés çà et là, a constaté La Presse. Des amateurs ont brûlé des petits pingouins en peluche embrochés sur des bâtons. Plusieurs personnes ont grimpé dans les arbres et les poteaux.

 

Photo: Sylvain Ryan, collaboration spéciale

La rue Sainte-Catherine a été évacuée.

Fête au Centre Bell 

Dès la fin de la partie, les fans venus assister au match sur les écrans géants du Centre Bell se sont rassemblés dans le stationnement extérieur, où un DJ et un écran géant ont assuré l'animation.

La stratégie de la police était évidente: retenir la foule sur place afin d'éviter les débordements au centre-ville. Dans le stationnement, l'effervescence était immense. On entendait les klaxons retentir de toutes parts. Des feux d'artifice et des pétards explosaient.

Plus tôt, environ 20 000 spectateurs ont assisté au match au Centre Bell. Pour la première fois depuis la finale de la Coupe Stanley en 1993, le Canadien a retransmis dans son amphithéâtre un match disputé à l'étranger.

À chaque but du Tricolore, la foule en liesse a ovationné bruyamment son équipe. Sur l'écran géant, un message préenregistré par Georges St-Pierre et Réjean Houle demandait aux partisans de célébrer «dans la classe et la dignité».

Grâce aux billets vendus à 7,50$, le Centre Bell, qui était rempli à craquer, semblait avoir rajeuni d'au moins 20 ans.

En 2008, les émeutes à l'issue du septième match entre le Canadien et les Bruins de Boston ont conduit à environ 80 arrestations. Aucune des personnes interpellées n'avait assisté au match au Centre Bell, selon le SPVM. Une enquête est toujours en cours.

 

Photo: Bernard Brault, La Presse