Les partis de l'opposition ont de nouveau pris à partie le directeur général de Montréal, Louis Roquet, hier. Louise Harel presse le maire d'intervenir pour que le premier fonctionnaire cesse de cumuler des fonctions rémunérées hors de ses activités à la Ville, tandis que Projet Montréal met carrément en question son aptitude à occuper son poste.

«Au salaire qu'il reçoit, il devrait être à plein temps dans son emploi», affirme Mme Harel, chef de l'opposition.

M. Roquet a été critiqué, dans les derniers jours, après que le vérificateur général lui eut reproché d'avoir expédié son rapport à la firme TELUS avant que lui-même ne le remette au conseil municipal.

Il a ensuite été révélé que M. Roquet avait déjà présidé le conseil d'administration de Soverdi, organisme à but non lucratif voué aux projets de verdissement à Montréal. Pendant son règne, ce groupe a conclu une importante entente de commandite avec TELUS. La commandite totalise 1 million de dollars.

D'autres activités

Le parti de Mme Harel, Vision Montréal, révèle maintenant que les activités rémunérées du directeur général ne s'arrêtent pas là. Il préside le conseil d'administration du Fonds des médias du Canada. En date du 14 avril, il siégeait aussi au conseil d'administration du bijoutier Birks&Mayors. Et la semaine dernière, sa société, Louis L. Roquet et Associés, figurait toujours au registre des entreprises du Québec.

Avec un traitement annuel de 300 000$ et une allocation de retraite de 44 000$, M. Roquet «n'a pas besoin d'un sideline», selon Mme Harel.

«La situation décrite mine la confiance que les citoyens montréalais peuvent avoir à l'égard d'une haute fonction publique au service exclusif de l'intérêt général», dit-elle.

Vision Montréal estime que M. Roquet s'est placé en «apparence de conflits d'intérêts» et demande à la Commission municipale du Québec d'ouvrir une enquête.

Alex Norris, conseiller de Projet Montréal, s'est entretenu avec le vérificateur général, jeudi, et il se dit convaincu que TELUS a eu droit à un avantage indu en obtenant à l'avance une copie du rapport de ce dernier.

«En raison du geste de M. Roquet, nous nous questionnons sérieusement par rapport à son aptitude à occuper ce poste», assène M. Norris.

Il ne réclame pas la démission de M. Roquet, mais il souhaite que celui-ci s'explique.

Légal, martèle la Ville

La Ville martèle que M. Roquet a agi en toute légalité en expédiant le rapport du vérificateur général à TELUS. Il avait obtenu l'aval de son service juridique avant de procéder.

L'attaché de presse du maire Gérald Tremblay, Darren Becker, s'est étonné de la sortie des partis de l'opposition, eux qui avaient applaudi l'arrivée de M. Roquet l'automne dernier. Ils avaient d'ailleurs voté à l'unanimité pour la résolution qui officialisait son embauche, et ce, en toute connaissance de son curriculum vitae.

D'ailleurs, poursuit-il, l'entreprise de M. Roquet est «inactive» depuis qu'il travaille pour la Ville de Montréal. Il ne prend plus de clients.

«Il n'y a aucun conflit d'intérêts, a affirmé M. Becker. Les conseils d'administration ne l'empêchent pas de faire son travail de façon pleinement disponible.»