Il y a 20 ans, la Ville de Montréal a acquis des terrains pour 7,7 millions de dollars dans l'arrondissement de Rivière-des-Prairies. Il y a 10 ans, elle a estimé leur valeur marchande à 5 millions. L'année dernière, elle a convenu de les vendre pour 1,5 million au consortium Petra Saint-Luc. Le Vérificateur général s'interroge.

D'une superficie de 2 millions de pieds carrés, les terrains sont situés de part et d'autre du boulevard Marc-Aurèle-Fortin, au sud du boulevard Maurice-Duplessis, dans la portion ouest de Rivière-des-Prairies. Rien n'indique qu'ils soient contaminés, du moins pas de façon importante.

 

Les promoteurs projettent un ensemble de 67 maisons unifamiliales et de 264 unités jumelées. La moitié d'entre elles sont construites ou en cours de construction. Les infrastructures - rues, égouts, réseau d'eau, etc. - seront aux frais du consortium.

Au départ, les terrains devaient être vendus d'un seul tenant. Au bout du compte, la Ville a accepté de les vendre en quatre phases. Une première partie a été vendue en octobre au groupe Petra, qui appartient aux familles Saputo et Borsellino, et à son partenaire le Groupe Saint-Luc, propriété de l'homme d'affaires Luc Varin. Le prix: 442 000$, soit 0,70$ le pied carré.

«Nos travaux de vérification ne nous ont pas démontré avec certitude que le montant de mise à prix correspondait à la valeur marchande», écrit le vérificateur Jacques Bergeron dans le rapport qu'il a remis lundi soir au conseil municipal de Montréal et présenté hier matin.

Selon lui, la valeur de ces terrains est trois fois plus élevée, soit 2,25$ plutôt que 0,70$, s'ils sont vendus en phases. M. Bergeron s'interroge aussi sur le processus qui a abouti au choix du consortium. La vente se faisait par appel d'offres. Un autre promoteur avait obtenu un meilleur pointage, mais il a été écarté. Le comité de sélection doutait de sa capacité financière. Ce critère ne suffisait pas à rejeter sa proposition, estime le vérificateur.

Le directeur général de la Ville, Louis Roquet, a défendu les décisions de la Ville. «Précisons d'entrée de jeu que la Ville n'est pas un promoteur immobilier, a-t-il dit. Son objectif est de réunir toutes les conditions incitant les promoteurs à développer les terrains le plus rapidement possible.»

Le prix de vente n'est pas le seul facteur à prendre en compte, a-t-il ajouté. Selon lui, il faut aussi calculer les taxes que rapporteront les nouvelles maisons. Le projet Marc-Aurèle-Fortin ajoutera dans un premier temps près de 20 millions de dollars en valeur foncière. «À terme, soit en 2013, la valeur foncière du projet sera de presque 100 millions, avec des revenus fonciers annuels de plus de 2 millions», a conclu M. Roquet.