Le grand patron de l'agence de la santé et des services sociaux (ASSS) de Montréal, David Levine, admet n'avoir pas assez informé les autorités municipales sur la conversion de l'ancien hôpital chinois en centre d'hébergement pour Inuits. Mais il estime que l'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension a agi prématurément en dénonçant le projet.

«On devrait avoir assuré une meilleure information dès le début sur l'ensemble du dossier», a convenu M. Levine, hier.

Le président de l'agence convient que, si c'était à refaire, il aurait pris contact avec les autorités municipales bien plus tôt dans le processus. Il se dit disposé à organiser des séances d'information publiques, comme l'ont demandé des conseillers de l'arrondissement hier, afin de mieux présenter le projet à la population.

 

«On est prêts à être très transparents, a-t-il indiqué. S'il y a une demande de la Ville de rencontrer la communauté, je suis prêt à le faire.»

L'ASSS a été placée sur la défensive après que des citoyens eurent exprimé de vives inquiétudes au sujet de l'arrivée d'un centre d'hébergement pour patients inuits dans le quartier Villeray. Plusieurs ont cru qu'il s'agissait d'un refuge pour toxicomanes ou pour sans-abri.

Lorsqu'elle a eu vent du projet, la mairesse de l'arrondissement, Anie Samson, s'y est opposée, craignant que le centre n'apporte des problèmes sociaux. Des citoyens ont poussé la contestation plus loin en distribuant un tract intitulé «Danger imminent» qui met la population en garde contre une augmentation de la criminalité, de la prostitution et de la toxicomanie.

Le centre doit pourtant loger des citoyens du Grand Nord qui sont transportés à Montréal pour recevoir des soins de santé spécialisés. Des malades qui sont renvoyés chez eux après leurs traitements, a fait valoir M. Levine, et non des sans-abri.

«L'arrondissement a pris connaissance du projet avant qu'on ait eu des rencontres, a indiqué M. Levine. Et je pense qu'il a eu une réaction initiale sans comprendre l'ensemble du dossier.»

Les résidants du Grand Nord qui éprouvent des problèmes de grossesse, qui combattent le cancer ou qui ont besoin d'opérations spécialisées sont soignés à Montréal. Ils sont actuellement hébergés dans sept centres administrés par le Module du Nord québécois, dont le principal se trouve rue Saint-Jacques, dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce.

L'ASSS de Montréal et celle du Nunavik souhaitent regrouper ces sept centres sous un même toit, dans l'ancien hôpital chinois, coin Saint-Denis et Faillon. Si le projet voit le jour, 150 malades y seront hébergés.

M. Levine a expliqué qu'on a songé à bâtir le centre au YMCA, mais que le lieu ne s'y prête pas. L'ancien hôpital chinois, qui est vacant, était un choix logique, a-t-il ajouté. D'abord parce qu'il est bien entretenu, ensuite parce qu'il ne faudra que quelques aménagements pour qu'il puisse accueillir des patients.