Après avoir contredit le maire Gérald Tremblay et le directeur général Louis Roquet, le vérificateur général de Montréal, Jacques Bergeron, contredit maintenant deux hauts fonctionnaires de la Ville dans le dossier TELUS. Hier, il a envoyé une lettre à tous les élus de Montréal pour corriger des propos qu'il juge «incorrects».

Ces propos ont été tenus récemment par Pierre Reid et Jean-Yves Hinse, respectivement contrôleur et directeur du capital humain à la Ville de Montréal. Jusqu'au début du mois de juin, M. Reid occupait le poste de directeur principal du service du capital humain et de responsable de la division des enquêtes internes de la Ville.

 

Dans son rapport déposé le mois dernier, le vérificateur général jugeait que le contrat de TELUS comportait des «indices d'irrégularités» si graves qu'il avait confié le dossier à la Sûreté du Québec. L'enquête est commencée, mais aucune accusation n'a encore été déposée.

Le maire Gérald Tremblay avait assuré ne rien avoir appris dans le rapport. Il affirmait non seulement qu'il avait alerté la police en 2008, mais aussi qu'il y avait eu des accusations, des arrestations et des sanctions à l'interne dans ce dossier.

Inexact, a rétorqué le vérificateur. Selon M. Bergeron, le maire Tremblay confond deux dossiers: celui du contrat à TELUS, et celui d'une fraude au service informatique, pour lequel l'ex-fonctionnaire Gilles Parent a déjà été arrêté.

Dossier «inexistant»

Pierre Reid et Jean-Yves Hinse ont repris l'argumentaire du maire Tremblay. Selon M. Reid, la Ville avait elle-même alerté la Sûreté du Québec en 2008 à propos des irrégularités sur le contrat à TELUS. Et elle avait communiqué les informations au vérificateur général précédent, Michel Doyon. «Nous avions, à l'époque, exposé tout ce dossier au vérificateur général de la Ville, Michel Doyon, et lui avions transmis la documentation pertinente», a écrit M. Reid dans nos pages Forum le 10 juin.

Le 9 juin, M. Hinse a tenu des propos semblables. Lui aussi a assuré que la Ville avait envoyé la documentation pertinente sur le contrat TELUS à l'ancien vérificateur général. M. Hinse lançait: «Comment se fait-il que Jacques Bergeron n'ait pas pris connaissance du dossier de M. Doyon sur TELUS?»

Réponse de M. Bergeron: s'il n'en a pas pris connaissance, c'est tout simplement parce qu'un tel dossier n'existait pas. M. Bergeron dit être allé vérifier aux sources, en prenant contact avec son prédécesseur. Dans sa lettre de six paragraphes envoyée hier aux élus de Montréal, il écrit: «Après vérification auprès de M. Doyon, aucune documentation pertinente n'a été transmise à l'époque à ce dernier par un représentant de la Ville.»