Le traditionnel spectacle de la Fête nationale au parc Maisonneuve a eu lieu jeudi avec la défense de la langue française comme toile de fond. Et si les incontournables fleurdelisés étaient au rendez-vous, la pluie tant appréhendée n'est finalement jamais venue.

Les premiers fêtards sont arrivés en début de soirée. Certains tentaient de faire main basse sur les meilleures places, d'autres flânaient en mangeant un blé d'Inde ou en buvant une bière.

Au milieu de la foule plutôt jeune, Jacques Blais et Agathe Roy, âgés de 78 et 75 ans, tapaient du pied en écoutant le duo de rappeurs Dubmatique, chargé de réchauffer la foule avant le début du spectacle. «On aime ça, cette musique, c'est festif, a dit M. Blais. Pour nous, la Saint-Jean, c'est une tradition. Plus jeunes, on allait à Québec et à Montréal pour les spectacles. Ça n'a pas changé, sauf que maintenant on rentre plus tôt à la maison!»

Vers 20h30, la foule était dense lorsque Guy A. Lepage a officiellement lancé les festivités. L'animateur du spectacle pour la deuxième année de suite avait laissé entendre qu'il voulait que la défense de la langue française soit au coeur de la soirée. Dès ses mots de bienvenue, il a tenu parole.

«Au Québec, on est un peu comme le village d'Astérix, a-t-il lancé. Sauf qu'on n'a pas de potion magique pour défendre notre langue. On peut juste la transmettre, la respecter et l'aimer.»

«Parce que cette langue est belle et si fragile dans notre ville, on propose que le spectacle de ce soir soit uniquement en français», a-t-il affirmé, provoquant les applaudissements nourris de la foule de plus de 200 000 spectateurs.

Paul Piché passe le flambeau

Cet appel à la défense du français a plus tard été suivi par un hommage au chanteur Paul Piché, qui avait des airs de passage du flambeau.

Entouré d'une ribambelle d'artistes -Yann Perreau, Les Trois Accords, Marie-Mai, Dumas, Luck Mervil, Jonas, Marie-Élaine Thibert-, Paul Piché a entonné sa chanson L'escalier, qu'il a symboliquement «léguée» aux jeunes artistes sur la scène avec lui.

«Le 24 juin, c'est un grand jour pour me rendre hommage, a lancé le chanteur connu pour ses convictions nationalistes. Je suis surtout très fier d'être avec ces jeunes artistes, de voir leur talent et les idées qu'ils défendent.»

Habitué des célébrations de la Fête nationale, Paul Piché est à même de constater comment évolue l'événement. «Je pense que ça vieillit bien. Dans certains autres pays, ces fêtes peuvent avoir un caractère très chauvin, presque militaire. Ici, je trouve que notre Fête est marquée par l'ouverture, par la diversité et par l'amour, même. Ça touche à l'âme des Québécois.»

Ce qui ne change pas, toutefois, c'est que le spectacle du 24 juin au parc Maisonneuve permet à des milliers de personnes de célébrer l'été en plein air.

«C'est excellent, excellent, excellent, a dit Daniel Evembe, un spectateur, lorsqu'on lui a demandé ce qu'il pensait du spectacle. Chaque année, c'est parfait.» Puis Les Trois Accords ont entamé la chanson Hawaïenne, et M. Evembe s'est mis à danser, visiblement comblé.

Arrestations

La Fête a toutefois mal fini pour certains fêtards. Le Service de police de la Ville de Montréal a procédé à dix d'arrestations pour divers méfaits. Sept hommes, une femme et deux mineurs comparaîtront vraisemblablement aujourd'hui pour faire face à des accusations de voie de fait, de voie de fait contre un policier, d'entrave ou de possession de stupéfiants. Les policiers qualifient ce bilan de «plutôt positif».

L'année dernière, 19 fêtards avaient été arrêtés, la plupart après 23h, à la fin du spectacle, pour avoir refusé de quitter le parc Maisonneuve comme l'exigent les policiers.