C'est un peu à la dernière minute, mais il est encore temps d'arracher l'herbe à poux et, pourquoi pas, de planter des espèces qui lui feront concurrence. Cela rendrait un fier service aux quelque 10% de Montréalais qui souffrent d'allergies.



À l'échelle de MétéoMédia, à laquelle tous les experts se réfèrent, la concentration de pollen d'herbe à poux est encore basse. Elle est cependant passée de 3 grains par mètre cube au début de la semaine à 15 en fin de journée, jeudi.



Comme l'indique Louis Drouin, responsable du secteur de l'environnement à la Direction de la santé publique de Montréal, l'été que l'on a connu - très chaud, avec de fortes pluies - a mis en place les conditions idéales pour la prolifération de la plante.

Ce qui est particulièrement ennuyeux, c'est que le nombre de jours problématiques, qui s'est longtemps situé autour de 48, est maintenant de 69, possiblement en raison du réchauffement climatique.

«L'extrême ouest et l'extrême est de l'île sont particulièrement touchés, relève par ailleurs M. Drouin, puisque la plante prolifère sur les terrains vacants et le long des voies ferrées.»

Fait à noter, la Ville de Montréal ne dispose pas de règlement municipal destiné à limiter la prolifération de l'herbe à poux, ce qui lui a valu il y a quelques années d'être l'objet d'un recours collectif, que la Cour supérieure a toutefois refusé d'autoriser.

Treize municipalités ne se sont pas autant fait tirer l'oreille. Québec, Saint-Hyacinthe et Saint-Jean-sur-Richelieu disposent d'une réglementation.

Selon l'Association pulmonaire du Québec, l'aggravation de l'asthme provoquée par le pollen d'herbe à poux incommoderait plus de 700 000 Québécois, dont 300 000 enfants.

Dans une étude menée en 2008, le ministère de la Santé et des Services sociaux a établi que les coûts associés à la consultation d'un professionnel de la santé pour cause d'herbe à poux s'élèvent à eux seuls à 18 millions de dollars annuellement.

Si l'arrachage est beaucoup demandé - et il n'est toujours pas trop tard -, Suzanne Bachand, architecte paysagiste spécialisée en gestion des milieux naturels, relève que cela n'est pas suffisant à long terme. «Idéalement, il faut l'arracher et semer d'autres types de plantes qui lui font concurrence.»

C'est pour cette raison que, il y a quelques années, elle a fortement milité pour que l'on cesse de tondre les abords des autoroutes, pour laisser place à des prés fleuris qui feraient la vie dure à l'herbe à poux.

C'est d'autant plus utile que, même fauchée, l'herbe à poux n'en continue pas moins de vivre à travers ses semences, qui restent actives dans le sol jusqu'à 30 ans.

Soit, mais que planter? Le Jardin botanique de Montréal recommande notamment le sarrasin, le pâturin, le trèfle ou un mélange de prairie.