Pendant son mandat, le prochain directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Marc Parent, devra affronter un défi majeur que son prédécesseur, Yvan Delorme, ne semble pas avoir réussi à relever: gérer l'épineux dossier de la commercialisation des services policiers.

Selon nos sources, Marc Parent s'est engagé à établir des critères clairs pour encadrer la commercialisation des services lors de sa rencontre avec la Commission de la sécurité publique, vendredi dernier. Il présentera sa vision aux membres de la Commission au cours des prochaines semaines.

Le directeur sortant du SPVM, Yvan Delorme, aurait géré avec difficulté le volet de la commercialisation des services, selon plusieurs sources municipales et policières consultées par La Presse. Le dossier a eu des échos jusqu'à Québec: le ministre de la Sécurité publique de l'époque, Jacques Dupuis, serait même intervenu dans le dossier.

«Autofinancement»

La grogne a commencé à se manifester à la suite d'une série de reportages publiés dans les médias cette année. En février, le directeur adjoint du SPVM, Mario Gisondi, a déclaré au Journal de Montréal que sa «vision ultime» était que le service de police «s'autofinance». Du même souffle, le SPVM a annoncé qu'il entendait commercialiser plusieurs services à la carte, dont l'installation de micros cachés, l'écoute électronique et la filature. La police cherchait ainsi à combler les 34 millions de coupes budgétaires imposées par la Ville.

Ces révélations ont provoqué une onde de choc au sein de la force policière, tant chez les syndiqués que les cadres, selon les personnes consultées par La Presse. Il semble que plusieurs officiers n'aient pas été au courant des visions de grandeur de la haute direction.

Quatre mois plus tard, en juin, le journal 24 heures a détaillé la grille tarifaire du SPVM pour obtenir les services d'un agent, d'un maître-chien et même d'un cavalier-policier. Radio-Canada a également révélé que les commerçants de la Place Dupuis, à Montréal, ont payé pour obtenir une protection policière supplémentaire du SPVM.

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a alors déclaré que la situation était «totalement inacceptable» si elle créait la perception d'un «service de police à deux vitesses».

Par la suite, le SPVM semble avoir mis un frein à son ambitieux plan d'affaires. En 2010, la police prévoit engranger 14 millions de moins que prévu, selon un sommaire décisionnel du comité exécutif du mois de juin. Le volet de la tarification et la commercialisation des services devait rapporter plus de 70 millions en 2010.

Personne au SPVM n'était «disponible» mardi ou hier pour répondre à nos questions sur le déficit appréhendé.

Commission

La Commission de la sécurité publique se penchera sur la question de la commercialisation dans les prochaines semaines, a indiqué hier Darren Becker, porte-parole du comité exécutif.

«Cette rencontre devait avoir lieu au mois d'août, mais elle a été repoussée en raison de la course à la direction au SPVM», a indiqué M. Becker. Marc Parent, qui doit entrer en fonction le 13 septembre, présentera alors sa vision des choses.

La Fraternité des policiers et des policières de Montréal n'est pas opposée à la commercialisation des services, a indiqué hier son directeur des communications, Martin Desrochers. Le syndicat estime toutefois qu'elle doit être «encadrée par des règles éthiques très strictes».

Selon la Fraternité, le SPVM ne peut commercialiser des services de base, comme la prévention du crime. La commercialisation ne doit engendrer aucune baisse de services à la population et ne doit pas nuire aux policiers, selon M. Desrochers.

«Enfin, il est illusoire de penser financer les services de base à la population avec les revenus de la commercialisation», peut-on lire dans la position officielle du SPVM.