Le projet d'amélioration des services de trains de banlieue dans l'ouest de l'île de Montréal coûterait 676 millions de dollars, somme qui comprend des travaux déjà prévus de 77 millions pour l'aménagement d'une nouvelle voie ferrée dans le couloir ferroviaire actuel du Canadien Pacifique (CP) en direction du centre-ville de Montréal, a appris La Presse.

Selon l'Agence métropolitaine de transport (AMT), la réalisation du projet du «train de l'Ouest» permettrait de faire passer l'affluence annuelle, sur la ligne de train de banlieue Vaudreuil-Hudson actuelle, de 3,8 millions à 9,15 millions de passagers par année en multipliant par trois le nombre quotidien des départs entre le centre-ville et l'ouest de l'île de Montréal.

Dans une entrevue à La Presse, la semaine dernière, le président de l'AMT, Joël Gauthier, a affirmé que l'aménagement d'un couloir ferroviaire exclusif pour les trains de passagers, dans l'emprise du chemin de fer du CP, permettra d'offrir 86 départs par jour entre le centre-ville et l'Ouest-de-l'Île, en comparaison des 26 départs actuels sur la ligne de train de banlieue Vaudreuil-Hudson. L'intervalle de service entre les départs durant les périodes de pointe serait réduit à seulement 12 minutes.

M. Gauthier présentera aujourd'hui les grandes lignes de ce projet de train de banlieue aux élus des villes reconstituées de l'ouest de l'île de Montréal et de la région de Vaudreuil-Soulanges qui ont récemment formé une coalition pour en promouvoir la réalisation.

Plus de 5000 personnes auraient déjà signé une pétition réclamant sa mise en service, lors d'une première sortie publique organisée par la coalition dans les gares du train de banlieue de Vaudreuil-Hudson, la semaine dernière.

Crainte

Depuis le printemps dernier, les élus de l'Ouest et de Vaudreuil-Soulanges craignent que l'ambitieux projet de train de banlieue, qui est en création depuis 2006, soit relégué aux oubliettes si les gouvernements du Québec et du Canada s'engagent à financer un autre projet de liaison ferroviaire prévue entre le centre-ville de Montréal et l'aéroport international Trudeau, à Dorval.

«Ce projet de train de banlieue fait l'unanimité dans l'Ouest-de-l'Île et dans la région de Vaudreuil-Soulanges», a déclaré hier à La Presse le porte-parole de cette coalition (www.traindelouest.ca), l'ex-député et ministre Clifford Lincoln.

«Les gens, par ici, sont fatigués de l'irrégularité et du manque de fiabilité du service de train de banlieue actuel. Nous représentons une population d'environ 500 000 personnes. Il faut à tout prix que les gouvernements en tiennent compte avant d'accorder leur soutien à un projet qui ne profitera qu'aux seuls usagers de l'aéroport de Dorval.»

Une séparation brutale

L'AMT a lancé le projet visant à améliorer la desserte des trains de banlieue dans l'ouest de l'île de Montréal en 2006. À l'époque, l'agence provinciale avait conclu une alliance avec la société Aéroports de Montréal (ADM), gestionnaire de l'aéroport international Trudeau, pour concevoir de concert le projet du train de l'Ouest et le projet de navette ferroviaire d'ADM en direction du centre-ville. Toutefois, en mars dernier, le gouvernement du Québec a annoncé, dans le budget provincial, qu'il réservait une somme de 200 millions à l'intention d'ADM pour la réalisation de son projet de navette. Cette subvention est conditionnelle à l'obtention d'une somme semblable du gouvernement fédéral, et de l'engagement d'un partenaire privé à fournir une somme similaire de 200 millions.

Moins de deux mois plus tard, ADM se dissociait publiquement de l'AMT en présentant son projet de navette ferroviaire, à un coût estimé de 600 millions, et en exposant au grand jour ses dissensions avec l'AMT quant à la destination des deux projets, au centre-ville.

L'AMT favorise un tracé unique pour les deux projets qui aboutirait à la gare Lucien-L'Allier, près du Centre Bell et de la gare Windsor. Le coût estimé pour ce scénario serait de 874 millions, selon une étude commandée par ADM et l'AMT, qui n'a toutefois jamais été rendue publique.

ADM favorise pour sa part des tracés distincts qui partageraient seulement 3,7 kilomètres de voies ferrées, entre l'aéroport de Dorval et l'arrondissement de Lachine. Ce scénario «hybride» ferait aboutir les trains de l'AMT à Lucien-L'Allier et la navette ferroviaire d'ADM à la Gare centrale. Son coût est estimé à environ 1,3 milliard.

Dans son dernier projet de plan triennal d'immobilisations 2011-2013, que La Presse a obtenu, l'AMT estime maintenant que la réalisation du train de l'Ouest, «pris isolément», nécessiterait des investissements de 676 millions.