Après Melbourne, Londres et Washington, Bixi pourrait bientôt se retrouver à... Westmount. Mais tout comme ces métropoles étrangères, si la ville défusionnée veut voir les populaires vélos chez elle, elle devra sortir son chéquier.

C'est du moins ce que souhaite la Ville de Montréal, qui gère Bixi en partenariat avec la Société de vélo en libre-service. Selon Montréal, les villes défusionnées intéressées à avoir des stations Bixi sont libres de manifester leur intérêt; elles devront toutefois allonger l'argent.

«Westmount est la première ville défusionnée à faire une demande pour le service Bixi. Toute expansion du système implique des coûts et on est en train d'évaluer ces coûts pour Westmount», explique Bérengère Thériault, porte-parole de la Société de vélo en libre-service.

L'enjeu est de taille, car si des villes défusionnées qui souhaitent obtenir le service Bixi payaient des redevances, cela permettrait d'éponger en partie le déficit d'exploitation. L'an dernier seulement, le déficit net de Bixi s'est élevé à 6,9 millions. Cette année, l'équilibre budgétaire est loin d'être assuré.

«Le Bixi, ce n'est pas un service d'agglomération, rappelle pour sa part Manon Barbe, mairesse de l'arrondissement de LaSalle et responsable du dossier Bixi à la Ville de Montréal. C'est un service de la Ville de Montréal, c'est un service qu'on se paie. Les villes qui ont choisi de se défusionner ne peuvent pas avoir le beurre et l'argent du beurre.»

Mais le maire de Westmount, Peter Trent, a une vision bien différente des choses. Selon lui, en permettant à Bixi de s'installer dans sa ville, il offre à la société une nouvelle clientèle. Il estime donc qu'il s'agit du principe du «donnant-donnant», et qu'il ne devrait pas devoir payer un sou pour le service.

«Bixi a pris une approche d'exploitation internationale, et c'est génial, mais on ne peut pas comparer Londres et Westmount, lance M. Trent. Nous, on veut être traités comme la Ville de Montréal. On ne veut pas recevoir une facture chaque année pour le service de Bixi.»

Plutôt qu'en ville étrangère, Westmount veut être traitée en «ville partenaire», explique M. Trent. «Parce que s'ils nous traitent comme la ville de Londres, ou la ville de Melbourne, ils vont nous demander beaucoup d'argent pour le privilège d'avoir des Bixi. Et on ne veut pas ça», dit-il.

Même s'il ne veut pas payer pour le service, le maire Trent se dit «très favorable» à la venue de Bixi à Westmount. Il affirme avoir lui-même fait une demande au mois mars dernier pour obtenir des stations et des vélos, mais attend toujours la réponse de la Société de vélo en libre-service.

Selon les études préliminaires, Westmount recevrait 15 stations et un total de 150 vélos. Optimiste, M. Trent espère conclure une entente avec Bixi sous peu et les stations pourraient être installées au printemps 2011.

La ruée vers l'Ouest

Peter Trent fait aussi valoir que l'arrivée de Bixi à Westmount permettrait au service d'être implanté plus facilement dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce, qui se trouve juste à l'ouest. Sa ville, fait-il valoir, est «sur le chemin» naturel vers NDG. Comme la Société de vélo en libre-service préfère établir ses stations à moins de 300 m l'une de l'autre, il faut absolument passer par Westmount, plaide-t-il.

Dans le quartier NDG, plusieurs citoyens militent activement pour la venue de stations Bixi. Une pétition en ce sens, d'un millier de signatures, a d'ailleurs été déposée il y a deux semaines à une séance du conseil d'arrondissement.

Selon le maire de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, Michael Applebaum, il est possible d'installer des stations Bixi à NDG sans passer par Westmount. Il suffirait de s'appuyer sur les quelques stations déjà présentes dans le quartier Côte-des-Neiges et d'en greffer de nouvelles jusqu'à NDG.

«On va travailler fort pour amener le Bixi à NDG, même sans Westmount, dit M. Applebaum. Westmount n'est pas la Ville de Montréal. Ils ont décidé de défusionner, alors qu'ils paient pour le Bixi. S'ils ne payaient pas, alors quelle serait la prochaine étape? Le Bixi sans frais pour les villes du West-Island? Mais non...»