L'Agence métropolitaine de transport (AMT) devra verser plus de 1,3 million au transporteur privé Transdev, en compensation de deux contrats accordés à l'été 2008 pour des services d'autobus express de luxe qui ont ensuite été annulés par la ministre des Transports du Québec de l'époque, Julie Boulet.

Selon les informations que La Presse a obtenues, le conseil d'administration de l'AMT a convenu le 18 juin de «procéder, conjointement avec le ministère des Transports du Québec, au paiement d'un montant forfaitaire de 1 335 049,25$ à la firme Transdev», en règlement d'une poursuite intentée par ce transporteur privé.

À l'été 2008, l'AMT avait accordé deux contrats de cinq ans qui totalisaient 6,6 millions à la firme Transdev, à la suite d'appels d'offres publics, pour assurer deux nouvelles dessertes par autobus créées par l'agence gouvernementale sur la Rive-Sud et dans l'ouest de l'île de Montréal.

Le premier contrat visait à desservir un nouveau campus industriel de Bell Canada, dans L'Île-des-Soeurs, à partir de la Rive-Sud (Express Île-des-Soeurs). Le deuxième prévoyait offrir un nouveau service d'autobus dans l'axe de l'autoroute 40, entre la gare de train de banlieue de Vaudreuil-Dorion et le terminus de la Côte-Vertu, dans l'arrondissement de Saint-Laurent au nord-ouest de Montréal (Express A-40). Les contrats prévoyaient que ces services seraient assurés seulement durant les périodes de pointe, le matin et en fin d'après-midi.

Les exigences de l'AMT quant aux autobus requis pour assurer ces deux liaisons étaient toutefois très différentes de celles liées aux véhicules utilisés par des transporteurs publics: l'agence provinciale exigeait ainsi que les autobus utilisés comptent un minimum de 38 places assises et aient un âge moyen de huit ans, au maximum (comparativement à une limite de 16 ans pour les autobus publics).

Les autobus devaient de plus être climatisés et équipés de toilettes, en plus d'offrir une connexion internet (Wi-Fi) pour les ordinateurs personnels des passagers. Aucun autobus en exploitation chez les transporteurs publics comme la Société de transport de Montréal (STM) et le Réseau de transport de Longueuil (RTL) n'offre de telles commodités.

Mais avant même que l'AMT ait eu le temps d'en faire l'annonce publique, les nouveaux services ont été dénoncés par les municipalités et des sociétés de transports publics, de même que par le secteur transport du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFQ-FTQ), qui voyait dans ces contrats la création de «transports en commun à deux vitesses».

La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a pour sa part affirmé que la création des deux nouvelles navettes était illégale, parce que l'AMT ne l'avait pas consultée, comme l'exigeait sa loi constitutive.

Dans le but évident de calmer la controverse entourant les «autobus VIP» de l'AMT, la ministre des Transports de l'époque, Julie Boulet, a décidé d'annuler purement et simplement les deux contrats accordés à Transdev, quelques jours avant la mise en service des deux navettes.

Afin de ne pas pénaliser les usagers potentiels, l'Express A-40 a quand même été mise en exploitation, à la date prévue. Le conseil intermunicipal de transport La Presqu'île, de Vaudreuil-Dorion, assure les services depuis septembre 2008.

Le RTL a pour sa part pris en charge, quelques mois plus tard, le service prévu pour le campus de Bell à L'Île-des-Soeurs. Les deux navettes sont encore aujourd'hui en exploitation.

Les autobus de Transdev n'ont toutefois jamais roulé une seule journée.

Dans sa résolution de juin dernier, le conseil d'administration de l'AMT a réclamé du ministère des Transports du Québec le paiement de 50% des coûts de règlement à l'amiable de 1 335 049$, à la suite de la poursuite intentée par Transdev.

L'AMT a refusé de commenter ce règlement visé par une entente de confidentialité.

À Québec, l'attaché de presse du ministre des Transports Sam Hamad, Alexandre Boucher, a confirmé à La Presse que le Ministère avait bien reçu la demande de l'AMT, mais que celle-ci était toujours «en analyse».