L'archevêché de Montréal a commis un geste «intolérable», «cavalier», voire carrément «odieux» en désavouant cette semaine le comité qui tente depuis deux ans de sauver l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.

«Les mots me manquent pour qualifier le geste du cardinal Turcotte, qui a renié la parole donnée, court-circuité et torpillé l'ensemble de nos actions», a déclaré en point de presse, hier, un des porte-parole du comité de sauvegarde, Robert Cadotte. «Il nous apparaît intolérable que le cardinal veuille déménager les grandes orgues. On ne brade pas le patrimoine qui nous est confié.»

L'affront de l'Archevêché est d'autant plus incompréhensible, précise M. Cadotte, qu'il avait jusqu'à tout récemment deux représentants dans le comité de sauvegarde: le vicaire épiscopal Pierre Côté et le curé de la paroisse.

Mercredi, l'Archevêché a publié un communiqué annonçant qu'il est prêt à donner le précieux orgue Casavant à toute église québécoise intéressée, pourvu que le gouvernement du Québec assure les frais de déménagement, évalués à 700 000$. Quant à l'église elle-même, construite en 1903, et dont la rénovation a été estimée à 2,6 millions, l'Archevêché jette l'éponge: «La communauté catholique ne peut plus absorber une dépense qui ira en s'accroissant», conclut le communiqué. On propose de reconvertir l'édifice en immeuble d'habitation à loyer modique ou en résidence pour personnes âgées.

L'église est fermée au culte depuis juillet 2009 et est interdite d'accès depuis novembre 2009. Elle a été déclarée bâtiment dangereux par le Service des incendies de Montréal le 9 septembre dernier.

Le comité de sauvegarde croyait pourtant avoir obtenu un moratoire jusqu'au 1er décembre, un délai qu'on comptait utiliser pour amasser une partie des 100 000$ nécessaires chaque année pour l'entretien, le chauffage et l'électricité. Un concert-bénéfice à 150$ le billet était prévu le 22 octobre prochain. Un ambitieux projet de «Maison de l'orgue», dont on n'a pu obtenir les détails lors de la conférence de presse d'hier, devait être présenté la semaine prochaine à la ministre de la Culture, Christine St-Pierre.

Tout ce scénario, reconnaît-on au comité de sauvegarde, est aujourd'hui malmené par l'annonce de l'Archevêché. Pas question, toutefois, de se rendre aux souhaits du cardinal Jean-Claude Turcotte et de délivrer les permis de démolition et de construction nécessaires, a prévenu le maire de l'arrondissement, Réal Ménard.