Les appels à la centralisation de certains services cruciaux à Montréal, comme le déneigement et les achats, semblent avoir été entendus. Dès le 1er janvier prochain, un tout nouveau directeur «associé», directement sous les ordres du directeur général Louis Roquet, sera à la tête du «Service à la concertation des arrondissements et des ressources matérielles».

Présentée comme une simple «mise en commun» des ressources dans un communiqué diffusé à l'interne par l'administration Tremblay, l'initiative a suscité une certaine grogne au sein même du parti du maire, a appris La Presse. Certains conseillers des anciennes villes de banlieue y seraient particulièrement réfractaires.

La décision a été entérinée mercredi par le comité exécutif de la Ville. Le directeur associé est Serge Lamontagne, directeur de l'arrondissement de Saint-Laurent depuis 2005. Il oeuvre de fait depuis juin dernier, aux côtés de Louis Roquet, à la tête de cette nouvelle entité.

Ce service héritera notamment de l'unité propreté et déneigement, ainsi que du service 311. Il regroupera toutes les directions qui s'occupaient du matériel roulant de la Ville, des achats et des immeubles. La création de ce nouveau service majeur «vise à accroître l'efficacité et la cohérence des activités réalisées par les différentes unités administratives regroupées», peut-on lire dans les documents remis aux membres du comité exécutif.

Concrètement, le service sera appelé à coordonner de façon plus efficace des activités comme le déneigement. Un de ses mandats sera également d'élaborer des stratégies de regroupements d'achats pour les arrondissements afin d'obtenir de meilleurs prix.

Il a été impossible de parler hier au directeur associé, Serge Lamontagne. Par courriel, il a expliqué qu'«on met en commun des expertises de soutien pour répondre mieux et à moindre coût aux besoins des arrondissements». De façon globale, le nouveau service verra à «mettre en commun, favoriser les échanges et faire le lien avec les unités centrales».

En ce qui concerne les achats, la Ville veut «revoir les façons de faire, éliminer les dédoublements, développer l'expertise interne pour acheter au meilleur coût possible».

Enfin, pour le déneigement, il assure que la Ville garde la même responsabilité qu'avant à ce chapitre, «soit de coordonner les activités de déneigement sur le territoire de la Ville (elle gère aussi les sites d'élimination de la neige).»

Un outil contre le gaspillage

Pour la chef de Vision Montréal, Louise Harel, pas de doute: il s'agit bel et bien d'une tentative discrète de centralisation de l'administration Tremblay. «Disons que c'est un début bien timide. Un pied dans la porte. Mais même s'ils refusent de le qualifier ainsi, ils vont être obligés d'y venir.»

Mme Harel espère que ce service pourra «mettre fin à l'incohérence» dans le déneigement, notamment, et limiter les dédoublements de ressources entre les arrondissements, «ces quasi-villes». «Il ne faut pas qu'il y ait hausse de taxes avant qu'il y ait un ménage dans le gaspillage - et il y en a des centaines d'exemples», prévient-elle.

Du côté de Projet Montréal, on se montre plutôt favorable à l'implantation de ce nouveau service. «Il y a une nécessité de se coordonner entre arrondissements, ça fait longtemps qu'on le dit, note Émilie Thuillier, conseillère de ville du district Ahuntsic. Quand quelqu'un fait un bon coup, il faut plus partager, il ne faut pas sans cesse réinventer la roue.»

Elle ne voit pas cette implication de la ville centre dans des services relevant des arrondissements comme un empiétement. «Je ne crois pas que ces services vont être rapatriés à la Ville. Et la concertation, ça peut être aussi deux arrondissements qui s'entendent pour des achats communs, comme certains le font déjà.»

Depuis décembre 2009, l'administration Tremblay est engagée dans une refonte en profondeur de la machine municipale. Une nouvelle structure, avec un directeur général chapeautant deux directeurs généraux associés, a été créée. Outre le Service à la concertation, on a également mis sur pied le Service du développement et des opérations.