Le Plateau-Mont-Royal, qui s'apprête à augmenter le taux de ses parcomètres à 3$ l'heure, devra payer 1,5 million par année à Stationnement de Montréal pour cette seule opération, déplore le maire Luc Ferrandez.

Selon ce qu'a appris La Presse, l'arrondissement a même demandé à la société paramunicipale de réduire ces frais «inouïs», ce que Stationnement de Montréal aurait refusé catégoriquement.

«Faire passer le taux horaire des parcomètres de 2 à 3$, c'est une programmation qui prend 30 secondes par machine - je me demande même si ça ne se fait pas une fois pour toutes les machines, a-t-il expliqué à La Presse. Que ça nous coûte 1,5 million par année pour ça, on trouve ça vraiment salé.»

L'enjeu est de taille. Les arrondissements peinent, année après année, à boucler leur budget. La volonté de Montréal de leur remettre les revenus des parcomètres pourrait leur permettre d'y parvenir. Avec son nouveau plan en matière de stationnement, annoncé la semaine dernière, le Plateau compte récolter 6 millions de dollars.

Mais les revenus auraient pu être plus élevés. Stationnement de Montréal perçoit normalement entre 30 et 35% des revenus des parcomètres, selon les témoignages d'élus municipaux de divers partis. L'arrondissement aurait demandé à SDM de ne prendre que 10% sur le troisième dollar, mais l'organisme aurait refusé net.

Stationnement de Montréal a reconnu avoir eu des discussions avec l'arrondissement, mais la porte-parole n'a pas voulu confirmer les chiffres évoqués par Luc Ferrandez et a refusé de commenter ses propos.

Une entente décriée

À la dernière assemblée du conseil d'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, lundi soir, Luc Ferrandez, mais surtout le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, ont dénoncé cette situation.

«Le fait que Stationnement de Montréal soit le gestionnaire exclusif du stationnement à Montréal, surtout à la lumière du transfert de la responsabilité aux arrondissements, déplaît à tout le monde», a déclaré M. Bergeron.

«C'est illégitime de prendre ce pourcentage supplémentaire de 35% alors qu'ils n'ont pas levé le petit doigt. Quand on passe de 2 à 3$, on leur envoie 35 cents l'heure et ils ne font rien. On a juste changé le taux. Ça fait 1,5 million par année juste pour passer de 2 à 3$. Ça n'a pas de sens.»

«C'est la même chose dans Ville-Marie, c'est la même chose dans Côte-des-Neiges, tout le monde est en beau simonac contre Stationnement de Montréal», a lancé celui qui était jusqu'à hier encore membre du comité exécutif.

Société en commandite, Stationnement de Montréal est une filiale de la chambre de commerce du Montréal métropolitain. Une entente signée en 1994 lui donne le mandat de gérer le stationnement à Montréal.

En 2000, SDM s'était attiré les foudres du vérificateur général pour sa mauvaise gestion des fonds publics. Guy Lefebvre avait affirmé que la Ville perdait annuellement 3 millions de dollars en raison de cette entente inusitée entre les secteurs public et privé.