L'ex-député britannique et flamboyant militant propalestinien George Galloway n'avait pas encore ouvert la bouche, hier à Montréal, que déjà, il avait reçu deux ovations.

Anglophones, francophones, étudiants, personnes âgées, femmes portant le hidjab: les quelques centaines de personnes qui avaient payé 20$ pour entendre le discours de l'ex-parlementaire écossais sur la liberté d'expression, le sort de la Palestine et la guerre en Afghanistan semblaient en grande partie conquises d'avance.

Plusieurs de ceux qui s'étaient déplacés hier soir à l'Université du Québec à Montréal pour l'occasion avaient attendu 18 longs mois pour assister à ce discours.

L'an dernier, alors qu'il s'apprêtait à faire une tournée de cinq villes canadiennes, M. Galloway s'est vu notifier par le gouvernement canadien qu'il ne serait pas admis au pays s'il tentait d'y entrer, sous prétexte qu'il avait soutenu financièrement le Hamas, organisation jugée terroriste par le Canada.

Avec l'aide de ses supporters, le militant britannique a porté la décision devant les tribunaux canadiens et, en septembre, a obtenu gain de cause. Le juge a estimé que le gouvernement conservateur avait agi par «antipathie pour les opinions politiques» de M. Galloway et non parce qu'il représentait une menace à la sécurité.

Le Canada, «ambassade» d'Israël

«Je parle partout dans le monde, en Europe, en Asie et le seul endroit où l'on a essayé de m'arrêter de parler, c'est ici, au Canada. M. Harper, ce ne sont pas mes opinions qui sont controversées, ce sont les vôtres», a-t-il lancé en ouverture, en référence au récent discours du premier ministre canadien dans lequel ce dernier a promis de défendre Israël coûte que coûte. «Comment ce grand pays s'est-il permis de devenir une ambassade du gouvernement le plus intolérant qu'Israël ait jamais eu?» a ironisé celui qui, au cours des deux prochaines semaines, fera des arrêts dans 11 villes, dont Calgary.

Il compte en découdre avec le ministre canadien de l'Immigration, Jason Kenney, qu'il tient responsable de sa mésaventure. «Je veux débattre avec vous, je suis même prêt à boxer contre vous, mais une chose est certaine, vous devrez rendre des comptes pour la campagne de dénigrement que vous avez menée contre moi», s'est indigné l'ancien député travailliste, tout en annonçant qu'il réinvestira «dans le mouvement pacifiste canadien» les sommes qu'il pourrait gagner à l'occasion d'une poursuite en diffamation.

Fidèle à son style incendiaire, M. Galloway, qui a été exclu du Parti travailliste de Tony Blair pour son opposition aux guerres en Irak et en Afghanistan, a accusé hier le gouvernement Harper, tout comme ceux de David Cameron et de Barack Obama de «recruter des terroristes» en menant une «guerre d'occupation» en Afghanistan.

«Personne n'a réussi à conquérir l'Afghanistan, même pas Alexandre le Grand, et M. Harper, vous êtes loin d'être Alexandre le Grand», a-t-il lancé.

Ancien collaborateur de l'ANC de Nelson Mandela, il a aussi longuement comparé l'occupation israélienne des territoires palestiniens au régime d'apartheid de l'Afrique du Sud.

Le discours d'hier, qui était financé par la vente de billets, était chapeauté par l'organisme Bateau canadien pour Gaza. La Ligue des droits et libertés, l'organisme Alternatives et le député de Québec solidaire, Amir Khadir, ont aussi témoigné leur soutien à M. Galloway, au cours de la soirée.