Les années se suivent et se ressemblent à la Société de transport de Montréal: pour la 13e fois consécutive, la STM a dévoilé hier un budget qui prévoit des hausses de tarifs. En guise de consolation, on promet toutefois aux utilisateurs un meilleur service et des autobus plus fréquents.

Dès l'an prochain, la carte mensuelle (CAM) coûtera 72,75$, une augmentation de 2,75$, ou 3,9%. Le prix de la carte à tarif réduit, lui, va bondir de près de 6%, passant de 38,75$ à 41$. Le billet unique, qui coûte actuellement 2,75$, coûtera 3$.

Les partis de l'opposition ont vivement réagi à cette annonce. Louise Harel, de Vision Montréal, l'a qualifiée d'«indécente», alors que Richard Bergeron, de Projet Montréal, a dénoncé «une décision idéologique très claire de l'administration Tremblay».

Du côté de la STM, on soutient que Montréal bénéficie de l'un des systèmes de transports en commun les moins chers en Amérique du Nord. «Si on compare ce qui se fait dans d'autres villes québécoises et canadiennes, quand on prend en compte l'augmentation des services, cette hausse des tarifs, je la trouve correcte», a expliqué le président du conseil d'administration de la STM, Michel Labrecque.

Lorsqu'il parle «d'augmentation des services», M. Labrecque fait référence à l'amélioration du réseau d'autobus. Le nombre de départs va augmenter de 5,3% en 2011. En plus de départs supplémentaires sur des lignes existantes, trois nouveaux circuits seront créés dans le nord, l'est et l'ouest de l'île. De plus, huit bus seront ajoutés sur la ligne 747 qui relie le centre-ville à l'aéroport Montréal-Trudeau.

«On n'a pas le choix d'améliorer le réseau de surface puisque le réseau souterrain a atteint un plateau, a précisé M. Labrecque. Nous ne pourrons augmenter la capacité du métro tant que nous ne recevrons pas les nouvelles voitures.»

La STM s'est aussi félicitée de boucler pour 2011 un budget de 1,2 milliard sans déficit, une première depuis plusieurs années. En 2010, elle s'était accommodée d'un trou de 40 millions. La Ville de Montréal a depuis obtenu une hausse de 1,5 cent de la taxe sur l'essence en mai dernier. Grâce à cette mesure, la STM va tirer 31,6 millions de revenus supplémentaires en 2011.

Les critiques fusent

Mais les promesses d'un service d'autobus plus efficace et d'un budget équilibré n'ont pas empêché les critiques de fuser hier.

«Nous avions demandé à tout le moins une détente tarifaire, d'autant plus que la question du déficit structurel avait été réglée au printemps avec la surtaxe sur l'essence», a indiqué le président de Transport 2000, Robert Dubé.

Marc-André Ross, secrétaire général de la Fédération des associations étudiantes du campus de l'Université de Montréal (FAECUM), qualifie de déplorables ces hausses de tarifs. Il souligne qu'elles sont particulièrement marquées dans le cas des cartes mensuelles à tarif réduit, dont bénéficient les étudiants de 25 ans et moins. «Ça peut paraître minime, mais c'est beaucoup d'argent dans le budget d'un étudiant. Il y en a plusieurs qui peinent à joindre les deux bouts», a-t-il commenté.

Tant Louise Harel que Richard Bergeron ont noté que le prix des titres de transport avait augmenté beaucoup plus vite que l'inflation depuis 2001, année de l'accession au pouvoir de Gérald Tremblay. «On exagère vraiment, c'est de l'entêtement, a dit M. Bergeron. C'est une ligne idéologique très claire, dont ne se cache pas le maire Tremblay: il veut augmenter la contribution des usagers.»

L'année prochaine, la contribution des utilisateurs des transports en commun équivaudra à 44% du budget de la STM. Selon son président, ce taux devrait se maintenir au cours des prochaines années. M. Labrecque anticipe par ailleurs une hausse de 1,8% de la fréquentation en 2011.

«La crise économique a été très dure pour nous, notamment avec une baisse de l'achalandage, a-t-il noté. Aujourd'hui ce n'est pas facile, ce n'est pas idéal, mais les choses vont mieux.»

Deux nouveaux titres

La STM a aussi annoncé la création de deux nouveaux titres. Le billet aller-retour au coût de 5,50$ va permettre deux déplacements et une économie de 50 cents. Un titre «soirée illimitée» sera aussi créé, donnant accès à un nombre illimité de déplacements entre 18h et 5h pour un coût de 4$.