À qui les habitants de l'île de Montréal devront-ils payer la nouvelle taxe d'immatriculation annoncée cette semaine dans le budget de la Ville? Le mystère plane. Si le directeur des finances et trésorier de Montréal, Robert Lamontagne, a évoqué hier matin que la Ville pourrait la percevoir, le vice-président du comité exécutif, Alan DeSousa, a soutenu que sa préférence allait à la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ).

À la commission des finances, hier matin, M. Lamontagne a affirmé que c'est la Ville qui percevra la nouvelle taxe d'immatriculation de 45$, et non la SAAQ. «On va avoir les données de la SAAQ, mais on ne pourra pas bénéficier de ses infrastructures», a-t-il dit. Selon M. Lamontagne, la perception de cette taxe, qui devrait rapporter 18,5 millions de dollars pour financer les transports en commun, pourrait aussi coûter plusieurs millions à la Ville.

Des questions sans réponse

Pour les partis de l'opposition, la chose soulève de nombreuses questions. «Est-ce que la SAAQ va délivrer des certificats d'immatriculation dans ses bureaux sans s'assurer que les 45$ ont été payés? Est-ce qu'il y aura des amendes?» demande la chef de Vision Montréal, Louise Harel.

Peter McQueen, conseiller de Projet Montréal à Notre-Dame-de-Grâce, partage ces inquiétudes: «Le pire, c'est qu'on a tous dit oui à cette taxe avec l'espoir qu'elle serait étendue vers les villes de la Rive-Sud et de la couronne Nord. Mais si ça passe par les municipalités, ça n'arrivera pas. On insiste pour que ça passe par la SAAQ.»

La question de la perception de la taxe est loin d'être tranchée, selon Alan DeSousa, vice-président du comité exécutif. «La façon de faire la plus facile, c'est que la SAAQ ajoute la taxe au renouvellement de l'immatriculation des résidants de l'île», dit-il. Cette option constitue son premier choix, mais, précise-t-il, si la SAAQ n'assume pas cette tâche, la Ville de Montréal peut le faire sans problème.

M. DeSousa ne peut préciser quels seront les moyens de coercition mis à la disposition de la Ville pour s'assurer que la taxe soit bien payée. Les coûts de cette perception seront, selon lui, similaires pour la Ville ou pour la SAAQ. «Mais c'est prématuré de dire combien ça coûtera», dit-il.

À la SAAQ, on confirme que les discussions entamées au début du mois de novembre avec la Ville de Montréal sont encore au stade préliminaire. «On n'a aucune idée de l'environnement dans lequel on va travailler», dit Audrey Chaput, porte-parole de la SAAQ.

L'équipe du maire Gérald Tremblay espère pouvoir faire sa première collecte «le plus rapidement possible» en 2011. «Ça sent l'improvisation, comme bien des initiatives de l'administration de la Ville, observe Peter McQueen. Est-ce du bluff? Est-ce un malentendu? On ne sait pas.»