L'arrondissement de Verdun vient d'ouvrir une brèche dans les règlements très stricts qui régissent la vente d'alcool sur son territoire. L'arrondissement a adopté cette semaine un nouveau plan d'urbanisme qui pourrait bientôt permettre à des microbrasseries de s'établir rue Wellington.

Verdun est le premier arrondissement de Montréal à réviser son plan d'urbanisme. Le nouveau plan, qui doit être entériné par la ville centre l'an prochain, sera éventuellement intégré au plan de zonage. Il énonce les lignes directrices que suivront les autorités pour superviser l'aménagement dans les prochaines années.

La rue Wellington, principale artère commerciale de Verdun, voit son visage changer avec l'arrivée de jeunes et d'immigrés, souligne le maire Claude Trudel. Il souhaite que l'offre commerciale reflète ce nouveau dynamisme.

«Ça va répondre à une demande, résume M. Trudel. C'est moderne, la microbrasserie. On y brasse de la bière, on peut y manger. Il y a une atmosphère qui est moderne et jeune. Ça correspond, à mon avis, à ce que la clientèle de la rue Wellington est en train de devenir.»

L'ancienne Ville de Verdun a appliqué pendant plusieurs décennies la Loi sur la tempérance, inspirée de la prohibition. On y interdisait les tavernes, les boîtes de nuit et les cabarets. Verdun et Saint-Lambert, sur la Rive-Sud, ont longtemps été les seules «villes sèches» du Québec.

En 1996, Verdun a officiellement abrogé la loi et autorisé les restaurants à vendre de l'alcool aux clients qui commandaient un repas. Mais l'essentiel du règlement a été intégré aux règlements de zonage et, à ce jour, les bars restent interdits sur le territoire de l'arrondissement.

Même s'il ouvre la porte à un nouveau type de débit de boissons, ce n'est pas demain matin que la bière de microbrasserie coulera à flots dans la rue Wellington, prévient le maire.

«On ne fera rien qui va changer la situation de l'alcool à Verdun sans consulter les gens, a-t-il assuré. Il n'est pas question de dire qu'il va y avoir 10 microbrasseries, qu'on va demander un amendement à la loi, pas du tout.»

Le projet du maire sourit aux marchands. Le directeur de la Société de développement commercial (SDC) de la rue Wellington, Billy Walsh, estime que ce type de commerce se prête fort bien à des concerts ou à des expositions d'artistes. En somme, dit-il, il pourrait insuffler une nouvelle vitalité culturelle à l'artère. «Le grand avantage, c'est de diversifier le mélange commercial, de créer par ricochet de l'animation dans la rue et de créer une certaine vie culturelle», affirme-t-il.

Pour le moment, indique M. Walsh, quelques entrepreneurs ont manifesté l'intérêt d'ouvrir une microbrasserie, mais aucun n'a encore présenté de projet détaillé accompagné d'un plan d'affaires.

Toujours pour stimuler le commerce dans la rue Wellington, l'arrondissement de Verdun va étudier la possibilité de la transformer en mail piétonnier ou encore en rue à sens unique à laquelle sera intégrée une piste cyclable. C'est toutefois loin d'être une décision définitive, a indiqué M. Trudel, car il faut d'abord s'assurer que de telles mesures seront sécuritaires et qu'elles ne nuiront pas aux marchands.

Construction à L'Île-des-Soeurs

Le plan d'urbanisme prévoit aussi d'importants projets immobiliers à L'Île-des-Soeurs, où des centaines d'appartements sont en construction sur la pointe Nord, près du Campus Bell. L'arrondissement projette d'adapter l'offre commerciale à ces nouveaux arrivants en permettant l'ouverture de boutiques autour de la place du Commerce.

L'arrondissement ouvre également la porte à un important projet immobilier dans l'ouest de L'Île-des-Soeurs. Le maire souhaite permettre à un promoteur de démolir les entrepôts qui sont situés le long du chemin du Golf et de les remplacer par un ensemble d'immeubles résidentiels locatifs.

Le maire souhaite aussi que les immeubles religieux qui seront vendus par leur communauté soient transformés, dans la mesure du possible, en logements sociaux.