L'explosion des coûts du projet de réfection de l'échangeur Turcot, passé en moins de deux ans de 1,5 à trois milliards, est « extravagante, voire inquiétante», dénonce le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron. Il a présenté ce midi son propre projet, deux fois moins coûteux, qui permettrait un réinvestissement dans le transport en commun de la métropole.

Les économies d'un milliard et demi permettraient notamment de concrétiser le tramway du centre-ville vers Lachine, d'investir massivement dans le train de banlieue vers l'ouest de l'île et d'y offrir un stationnement incitatif de 10 000 places.

 



«Voilà tout ce qu'on peut faire avec 1,5 milliard de dollars, a déclaré M. Bergeron devant une cinquantaine de sympathisants de son parti réunis à l'hôtel Intercontinental. C'est du développement urbain dont profiterait Montréal, et qui ne se fera pas si le projet de Transports Québec est mis en oeuvre. »

Baptisé «Turcot 50-50», ce projet présenté dans un document de 40 pages propose essentiellement de simplifier la réfection de l'échangeur en revenant aux plans retenus par Montréal en avril dernier. Cette fois, cependant, il n'a pas voulu s'avancer sur la réduction de 20% de la circulation qu'engendrerait ce projet. «J'évite le sujet parce qu'il est délicat et engendre des dérives», a-t-il expliqué. Le politicien estime que les Québécois devraient être «alertés» par le montant de trois milliards confirmé par le ministre Sam Hamad le 9 novembre dernier. «Il y a quelque chose qui ne va pas, d'autant plus que les prix des travaux publics ont diminué de 30% depuis 2009.»

Trois milliards, a-t-il illustré, c'est l'équivalent de trois Stades olympiques, de quatre prolongements du métro vers Laval, de cinq viaducs de Millau, en France.

Il interpelle le ministre des Transports et le maire de Montréal «sans amertume et après réflexion» pour repenser d'ici deux ans le projet. «Le coeur de mon propos n'est pas de nourrir un débat entre urbanistes. Profitons de l'opportunité Turcot pour en faire un projet à l'avantage de Montréal.»

L'appel de Richard Bergeron a été reçu avec ironie à l'hôtel de ville de Montréal. «M. Bergeron a manqué le train, le projet est approuvé et accepté, on passe à l'action, a rétorqué Darren Becker, porte-parole du comité exécutif. Soudainement, il s'est réveillé et a imaginé des façons de sauver de l'argent. Qu'il appelle le ministre Hamad et l'informe de ça, parce que c'est un projet qui relève du MTQ.»



Du côté du Ministère, on explique que seules des modifications «mineures» peuvent être apportées au projet présenté le 9 novembre dernier. Pas question toutefois de revoir de fond en comble le budget de trois milliards, en le coupant de moitié. «De notre côté, le seul projet qui existe, c'est celui présenté ce jour-là par le ministre, dit Maxime Sauvageau, attaché de presse. Les grandes orientations présentées, elles vont être maintenues. En ce qui concerne les améliorations, il y a toujours des échanges avec la Ville de Montréal.»