La Société de développement Angus (SDA) songe à se retirer du processus d'expropriation du Café Cléopâtre, pour lequel elle se bat depuis trois ans afin de créer, sur le boulevard Saint-Laurent, un vaste complexe immobilier au nord du Monument-National.

Las de dépenser des dizaines de milliers de dollars en frais juridiques dans cette bataille qui implique aussi la Ville de Montréal, l'organisme aurait conclu à l'impossibilité de s'entendre à l'amiable avec le propriétaire du Café Cléopâtre, Johnny Zoumboulakis.

Du coup, la SDA pourrait tout simplement renoncer dès le mois prochain à acquérir l'édifice qui abrite le bar de spectacles et de danseuses nues. Joint au téléphone, le président de la SDA, Christian Yaccarini, confirme que son organisme se trouve «devant un blocage complet».

«Nous ne pensons pas être capables d'arriver à une entente avec les avocats du Café Cléopâtre, dit-il. Ils ne font que de l'obstruction, et leurs avocasseries démontrent qu'ils ne veulent pas en arriver à une entente. Alors, plutôt que de payer pour assister à des pitreries juridiques, il vaut peut-être mieux laisser tomber.»

Normalement, sept jours sont prévus en septembre au palais de justice de Montréal, seulement pour débattre du droit d'expropriation devant un juge. La décision de renoncer à l'expropriation du Café Cléopâtre n'est toutefois pas encore prise. La SDA décidera à la prochaine réunion de son conseil d'administration, fin janvier, si elle continue d'être partie prenante du processus d'expropriation ou si elle s'en retire.

La décision de ne pas exproprier le café serait lourde de conséquences pour ce secteur du centre-ville, qui nécessite plus que jamais d'être modernisé. Le projet immobilier sera-t-il reporté sine die? Selon nos sources, la SDA devrait quand même construire sur les terrains compris entre le Monument-National et le Café, et entre le Café et la rue Sainte-Catherine.

La Ville de Montréal poursuivra-t-elle l'expropriation? Devrait-on incorporer la structure architecturale du Café au nouveau complexe? À l'arrondissement de Ville-Marie, ni le maire Gérald Tremblay, ni un conseiller municipal, ni même un membre de l'administration n'ont répondu à la demande d'entretien de La Presse.

À la ville centre, on préfère attendre la décision officielle de la SDA. «À ce jour, le conseil d'administration de la SDA n'a transmis aucune recommandation à la Ville visant l'annulation de l'expropriation du Café Cléopâtre», nous a dit Isabelle Poulin, porte-parole de la Ville.