Moins de bouchons, d'attente, voire de morts aux feux rouges à Montréal grâce à un cerveau électronique digne de la science-fiction. C'est essentiellement ce que promet le futur centre de gestion de la circulation, qui sera mis sur pied dans les prochains mois par la Ville, pour lequel un appel d'offres a été lancé le 9 janvier dernier.

À Toronto, un système semblable a été implanté en 1993. On estime qu'il a permis en quelques mois de diminuer de 17% les retards sur le réseau. Selon le département américain des Transports, ces systèmes de gestion de la circulation permettent manifestement de diminuer la mortalité due aux accidents de la route et ont un impact significatif sur la pollution de l'air.

«De tels systèmes ont été implantés dans de nombreuses autres villes canadiennes (Toronto, Ottawa, Calgary, Halifax), et ce projet permettra à Montréal de rattraper sinon devancer les villes dont les citoyens profitent déjà de ces systèmes», précise une analyse commandée par la Ville.

Selon l'appel d'offres, plus de 500 caméras de surveillance seront déployées à terme sur le réseau artériel montréalais. Elles achemineront l'information vers le «Centre de gestion de mobilité urbaine», au sixième étage d'un édifice de la rue Brennan, dans le Vieux-Montréal. Ces images seront reproduites sur deux murs vidéo et traitées par des ordinateurs avec l'information provenant des stations de détection et des contrôleurs du réseau.

Un logiciel permettra ensuite une analyse fine du comportement des Montréalais, qu'ils soient en automobile, à pied ou à vélo. Grâce à la synchronisation des feux de circulation et à diverses mesures de gestion par la signalisation, notamment, on veut rendre le réseau plus sûr et plus fluide. La technologie, précise-t-on dans les documents, permet déjà de détecter les mouvements non seulement des automobilistes, mais également des piétons et des cyclistes. On peut ainsi repérer les «zones de risque de collisions» et mieux protéger les usagers considérés comme «vulnérables».

D'autres systèmes intelligents

À court terme, le projet prévoit également un volet d'information pour les voyageurs, la gestion de la priorité aux transports en commun sur le boulevard Saint-Michel et la gestion «dynamique» des feux de circulation des boulevards Pie-IX et René-Lévesque ainsi que de la rue Sherbrooke.

Ce projet pilote est le fer de lance du Plan de transport adopté en 2008, qui s'est notamment donné l'objectif ambitieux de réduire de 40% en 10 ans les collisions qui causent des blessures corporelles. Il fait partie d'un ensemble de mesures décrites comme des «systèmes de transport intelligent» que l'on veut intégrer, comme le suivi en temps réel des autobus, la gestion des véhicules d'urgence et le réseau déjà existant de Transports Québec.

Il a été impossible de connaître le coût de ce projet. Selon les plans présentés dans l'appel d'offres, la salle est conçue pour une dizaine de personnes, dont quatre postes affectés aux écrans de surveillance et un responsable du centre de fonctionnement. Indice supplémentaire, l'appel d'offres exige la formation de 10 personnes au fonctionnement des équipements et logiciels.

Jusqu'à maintenant, le comité exécutif de la Ville a autorisé des dépenses de 370 000$ pour l'aménagement de la salle, rue Brennan. On a également accordé un contrat de 120 855$ pour des services professionnels de gestion centralisée des feux de circulation sur un tronçon du boulevard Saint-Michel.

Manon Barbe, mairesse de l'arrondissement de LaSalle et responsable des transports au comité exécutif, a décliné les demandes d'entrevue de La Presse au motif qu'il ne s'agit que d'un projet-pilote.